Artistes, Compositeurs, Portraits

Louis James Alfred Lefébure-Wély [1817-1869], compositeur

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«  (1817-1869). Organiste à Saint-Sulpice à Paris, compositeur ». Telle est la notice laconique que l'on peut lire dans tous les ouvrages qui traitent de ce compositeur.

Mon premier contact avec ce personnage, fut il y a environ dix ans, dans un ouvrage sur Widor. Lefébure-Wély (lequel d'ailleurs fut le prédécesseur de Widor à Saint-Sulpice était décrit comme un organiste dont la musique, totalement dépourvue de toute valeur, n'était destinée qu'à épater les fidèles de Saint-Sulpice.

Ce commentaire se retrouvait aussi dans d'autres ouvrages, et j'ai donc décidé de découvrir, ce « monstre musical », ne serait-ce que par simple curiosité. Après de longues recherches et n'ayant rien trouvé, un jour, j'entendis à la radio une pièce d'orgue intitulée « Sortie en Si bémol », elle me parut fort belle, avec un rythme entraînant, qui donnait un autre visage à la musique d'orgue telle qu'on la connaît. À la fin de l'enregistrement, le présentateur m'apprit cette pièce était de Lefébure-Wély. Je venais de découvrir un grand compositeur! Je me suis procurée un album avec ses partitions pour pouvoir les jouer, et je fus agréablement surprise. Ces pièces, écrites pour la plupart en forme ternaire, me parurent particulièrement structurées et riches de motifs musicaux. Décidément, je ne comprenais pas les critiques de « l'establishment » qui avaient éreinté Lefébure-Wély.

S'il est une musique qui reflète bien son époque, c'est justement la sienne. Je ferme mes yeux et je vois le faste de cette société du second empire, les robes, les chapeaux, toutes les élégantes de la société mondaine… Mais loin de se restreindre à cet aspect évocateur, la musique de Lefébure-Wély recèle une empreinte sentimentale profonde. La « Communion en fa majeur » en est un bel exemple, avec ses lignes chantantes et mélancoliques. D'autre part, la « Marche en Do Majeur » présente des contrastes exquis, avec un rythme très enlevé. La section centrale est digne des plus grandes pages écrites pour l'orgue à une époque où l'orgue symphonique commençait à se développer. Cette musique fut pour moi comme une bouffée d'air frais dans l'univers sérieux de l'orgue.

Il est donc heureux qu'aujourd'hui, plus de cent ans après sa mort, plusieurs organistes de renom, programment Lefébure-Wély dans leurs concerts. Mais il faut faire d'avantage, mieux faire connaître ce musicien disparu prématurément à l'âge de cinquante-deux ans. Nous devons lui donner une place d'honneur parmi les compositeurs et les précurseurs de l'orgue symphonique, promouvoir sa musique encore trop souvent oubliée ou méprisée. Il faut saluer avec enthousiasme la seconde jeunesse qu'il retrouve de nos jours avec le regain de la musique symphonique. Les mélomanes d'aujourd'hui, libérés des préjugés des époques antérieures, pourront enfin apprécier à sa juste valeur la musique de ce grand compositeur qui hélas ne vécut pas assez longtemps pour nous laisser d'autres belles œuvres…

Crédit photographique : BNF, domaine public

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