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Toulouse. Concert du 9 janvier 2003. Ralph Vaughan Williams : Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis. Benjamin Britten : Quatre interludes marins de « Peter Grimes ». Gustav Holst : Les Planètes. Chœur de Midi-Pyrénées : François Terrieux (direction). Orchestre national du Capitole de Toulouse : Yan-Pascal Tortelier (direction).

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On ne pouvait que se réjouir d’entendre ce très beau programme de musique anglaise, maintenant relativement popularisée par l’enregistrement mais encore trop rarement représentée en concert dans les salles françaises, d’autant que la présence de Yan-Pascal Tortelier, directeur de l’orchestre d’Ulster puis de l’Orchestre philharmonique de la BBC, semblait une caution solide.

La Fantaisie sur un thème de Tallis de Vaughan-Williams, l’un de ses premiers chefs-d’œuvre, est à bien des égards une page redoutable, non par une quelconque virtuosité – ce n’est guère le propos de cette musique sombrement méditative – mais par l’extrême cohérence et la profondeur de son qu’elle exige des cordes, tout comme par sa grande concentration d’expression.

Or, on retrouvait là l’un des défauts déjà observés chez ce chef lors de son précédent concert. Certes sa battue, pleine d’arabesques aériennes et compliquées, ne manque pas d’élégance visuelle, mais elle paraît tout à la fois peu claire et guère régulière, dans une sorte de mouvance perpétuelle donnant une impression d’instabilité gênante et semble même mettre parfois les musiciens dans l’embarras. Aussi, les cordes du Capitole ont paru, dans cette Fantaisie, guère expressives et d’homogénéité parfois friable, très en deçà de ce qu’elles ont pu donner sous d’autres baguettes, comme si leur rayonnement en était contrarié.

De plus, les jeux de réponse entre les deux orchestres et le quatuor, ici non séparés sur scène contrairement aux volontés du compositeur, n’ont pas toujours paru avec suffisamment de netteté, et l’acoustique sèche de la Halle aux Grains n’évoquait en rien la réverbération de la Cathédrale de Gloucester, pour laquelle l’œuvre a été expressément conçue.

La moindre longueur des Interludes marins de Britten, également plus éclatés dans leur forme, faisait que ces problèmes de mise en place et de régularité y prenaient moins d’importance et, si l’on a entendu interprétation à la fois plus fondue dans les timbres orchestraux et plus sauvage, la prestation de l’orchestre y était de fort bonne tenue.

Beaucoup plus problématique était le cas des Planètes de Holst. Musique peut être pas absolument du même niveau que les précédentes, mais très largement représentée dans les catalogues des maisons de disques grâce, sans doute, à son efficacité dramatique indéniable, elle a été servie par les plus grands chefs et, de Boult le créateur à Lloyd-Jones, l’un des derniers venus, en passant par Karajan, Maazel ou Gardiner et tant d’autres, les excellentes versions de cette œuvre ne manquent pas.

Le manque de finition de la direction de Yan-Pascal Tortelier n’en était alors que plus flagrant, dès l’implacable martèlement en 5/4 de Mars, celui qui apporte la guerre. Il semble que la légère mais constante irrégularité de la battue ait entraîné un manque de netteté dans les rythmes, toujours un peu mous, et les attaques, trop souvent imprécises. De plus, l’instabilité chronique du tempo a induit quelques micro-décalages chez les musiciens, obligés sans cesse de se réajuster sur ces flottements, et une crispation expressive générale. Sans qu’il y ait eu pour autant de véritable accident, les musiciens du Capitole sont trop « pros » pour cela, ce flottement induisait une certaine gêne, le tempo n’étant jamais assis, en contradiction complète avec le motorisme de la pièce.

On remarquait, de plus, dans les autres mouvements, un tendance générale à exagérer les ralentissements de tempos et les rubatos, déjà gênante dans les Danses symphoniques de Rachmaninov lors du concert antérieur, et une certaine recherche de pesanteur dans les accents souvent écrasés des cordes. Plutôt que les charmes de la musique anglaise début de siècle, certains passages de Jupiter évoquaient ainsi une musique de film signée Max Steiner ou Michael Kamen.

Entendons-nous bien, rien de déshonorant à tout cela, et la – relative – originalité du programme (en concert tout au moins et même si Yan-Pascal Tortelier avait déjà donné les Britten lors d’un concert de « Grands Interprètes ») suffisait déjà à singulariser ce programme. Mais, dans des œuvres où les références discographiques abondent, elle ne suffisait pas à masquer une mise en place parfois à peine suffisante, étonnante eu égard à la notoriété du chef.

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Toulouse. Concert du 9 janvier 2003. Ralph Vaughan Williams : Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis. Benjamin Britten : Quatre interludes marins de « Peter Grimes ». Gustav Holst : Les Planètes. Chœur de Midi-Pyrénées : François Terrieux (direction). Orchestre national du Capitole de Toulouse : Yan-Pascal Tortelier (direction).

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