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Baden-Baden.18.IV.2003. Johann Sebastian Bach, Passion selon saint Matthieu. Johanette Zorner, Marcus Ullmann, Johannes Mannov. Solistes et Chœurs de Windsbach. BACH AKADEMIE DE BERLIN. Direction : Karl FRIEDRICH BERINGER.

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Karl Friedrich Beringer

Une exécution de la grande passion de Bach reste en Allemagne avant tout un acte tant culturel que liturgique. La tradition veut que l’on y affronte les trois heures trente de cette musique méditative sans applaudissement ni pause… De quoi pénétrer l’essence même des choses et faire un véritable travail de reconstitution mentale… et désirer un idéal !

Solistes sortis du rang ou formés par l’ensemble, chœur masculin composé d’enfants et de jeunes adultes, le parti pris , expliqué dans la plaquette programme du concert de la Bach Akademie de Berlin à Baden-Baden, conçoit une passion de Bach telle que le compositeur « aurait pu se l’imaginer » ! Sempiternel débat aussi vieux que la résurrection des instruments anciens, mais qui s’effaçait rapidement, dès le chœur d’ouverture, au profit d’une musicalité souveraine, majestueuse et nerveuse à la fois.

L’interprétation respectait la disposition « stéréophonique » de la double formation pour rendre compte des intentions stylistiques de l’auteur, et du défi de toute passion aux proportions similaires : comment la rendre un minimum « vivante », s’agissant d’un registre méditatif et facilement uniforme ? Karl Friedrich Beringer opte pour des tempi rapides, des contrastes permanents, et demande à ses chanteurs de jouer leur partie autant que de la chanter. D’où un jeu de la passion qui entendait retrouver l’esprit du mystère médiéval, la mise en scène en moins. A ce jeu-là, le « rôle » de l’Evangéliste devenait primordial, et Marcus Ullmann a voulu manifestement adhérer pleinement à une conception immédiatement perceptible de la partition.

Cet Evangéliste-là conte l’histoire du Christ, la rend compréhensible et justifie de ce fait les grands moments de méditation que sont chorals et arie. L’on a pu regretter que dans cette perspective, historique dans l’esprit, ces chorals aient précisément été pris sur un tempo trop vif, oubliant le fait que ces musiques simples devraient, au moins mentalement, pouvoir être reprises par l’assemblée des croyants… Dommage que l’intention de reconstitution ne soit pas allée jusque là.

L’impression d’ensemble s’en ressent de toute évidence, même si les options de Beringer trouvent sans doute une manifeste justification musicologique Thomas Cooley tire son épingle du jeu dans ses arie, et Johannes Mannoy s’est montré plus occupé à chanter un Christ « juste » sur le plan musical, q’un authentique Fils de Dieu. Contrairement aux habitudes données par ce type de formation en Allemagne, cette exécution de la Passion selon saint Matthieu ne s’est pas imposé en premier lieu par ses qualités d’ensemble, mais par une conception manifestement très « orientée » et qui n’a pas été poussée jusqu’à ses limites. Mais au bout des trois heures et demi de musique, nous étions quelques-uns à ne pas avoir vu le temps passer ! N’est-ce pas finalement le plus grand des compliments ?

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