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Rattle et Berlin ne « Baden » pas avec la perfection

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Baden-Baden. 7-V-04. Antonín Dvorák, Le Rouet d’Or, poème symphonique. Anton Bruckner, Symphonie 4 « Romantische ». Orchestre Philharmonique de Berlin. Direction : Sir Simon Rattle.

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Dvorák / Brückner

On avait tant glosé autour de cet orchestre depuis quelques années et le philharmonique de Berlin était affublé du terme de « banal » , la pire de toutes les qualifications attribuables à un ensemble. Depuis quelques mois les choses reprennent leur cours normal et Sir a dirigé les Berliner Philharmoniker dans un esprit évident et qui devait remettre les pendules à l'heure : Berlin reprend la tête de la course. Il faut dire que leur déplacement à Baden Baden n'avait rien de facile dans une ville dont le Palais des Festivals accueille le gotha des orchestres de manière régulière. Voici trois ans et sous la direction de Mariss Jansonns, les berlinois avaient fait état de la crise qui secouait l'orchestre à la fin de l'ère Abbado et la maladie de celui-ci. Aujourd'hui manifestement remis, ils ont étalé une plénitude sonore à tous les étages (pupitres) et surtout remis en place une hiérarchies des grandes formations qui affirme à nouveau le « leadership » des berlinois.

A l'entracte du concert, le composteur Wolfgang Rihm avait fait l'éloge de l'orchestre à l'occasion de la remise d'un prix spécial de la fondation Karajan qui a pris ses quartiers chaque printemps à Baden Baden. Il y salua le professionnalisme historique des musiciens de la philharmonie. Pour nous en convaincre, avait conduit un Rouet d'or de Dvorak, poème symphonique au lyrisme rhapsodique prononcé dont l'écriture fine et ample met si naturellement tous les musiciens d'un orchestre en valeur. Manifestement heureux de jouer cette partition fraîche et inventive, les « Berliner » ont impressionné par la cohésion et l'harmonie des pupitres.

Que dire des cordes ? Qu'elles n'ont pas d'équivalent de toute évidence. Mélange de pureté, de rythme et surtout majestueusement « eingespielt » donc réglées les unes par rapport aux autres dans un ordre naturel. Souple, présent, sculpteur, mène l'orchestre comme on conduit une Rolls, du bout des doigts, respectueux et pourtant volontaire. Le chef anglais allait montrer toute l'étendue de son talent dans la « romantique » de Bruckner. Il n'en cherche manifestement pas la dimension mystico-religieuse qui fit les grands jours de ses prédécesseurs germaniques à ce poste, mais s'attache à montrer la cohérence du discours brucknérien comme s'il l'inventait à chaque mesure. Pour Simon Rattle, le compositeur autrichien si souvent cantonné au rôle d'un gothique égaré au 19ème siècle est en réalité un créateur imaginatif et vivant. C'est le plaisir des notes qui prévaut, et si certaines longueurs ne peuvent jamais être évitées dans ce répertoire, elles servent ici à valoriser les nombreux moments d'extase.

L'assistance gardera longtemps en mémoire l'unisson des cordes dans le dernier mouvement, on en frissonne encore. Simon Rattle est ouvert aux nouvelles expériences on le sait, il s'est annoncé pour le mois d'août, dans un « Rheingold » sur instruments d'époque.

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