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Delalande « le Lully latin »

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Michel-Richard Delalande (1657- 1726) « le Lully latin » Catherine Massip. Collection « Mélophiles », Editions Papillon, 2005. 160 pages. ISBN : 2-940310-21-1.

 

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Précisément documentée, évoquant la figure du musicien selon les sources et les témoignages de l’époque (inventaires notariés, contrats de mariage, compte-rendu des productions musicales par le Mercure galant, etc…), Catherine Massip à qui l’on doit déjà plusieurs ouvrages de référence sur le Baroque français (Mazarin, Michel Lambert…) dresse le portrait de Richard Delalande : le favori de Louis XIV, et, selon son élève, Colin de Blamont, «le Lully latin», appellation reprise en sous-titre de cette biographie.

Ainsi apparaît-il tel qu’en lui-même : d’une retenue mesurée, habile créateur autant que serviteur de la faveur royale. Un compositeur qui a su rester à sa place, gérant avec intelligence les opportunités de la carrière. De fait, il aura gravi pas à pas l’escalier du prestige, débutant modestement à la Chapelle comme sous-maître (candidat lauréat du concours de 1683) ; finissant non sans apothéose : puisque titulaire en 1714, des quatre quartiers de la dite Chapelle, et… Surintendant de la musique. Sa ténacité vaut sa longévité : il accompagne l’évolution du divertissement de Cour à l’ombre de l’incontournable et exclusif Lully (nombreux ballets à redécouvrir d’urgence), s’impose sous la Régence comme un «divertisseur» de grande qualité (compose avec le jeune génie Destouche plusieurs autres ballets pour accréditer la représentation du pouvoir à l’époque où Louis XV n’était qu’un enfant), il aura surtout marqué l’écriture de la musique religieuse, celle du grand motet pour la Chapelle Royale de Versailles dont les ors et le raffinement (le dernier chantier de Louis XIV) valaient bien la musique de cet indiscutable orfèvre du son. Proche de la ferveur confessionnelle de Madame de Maintenon qui le protégea sans faiblir, Delalande reçut le dernier hommage du Souverain Versaillais : son propre De Profundis fut joué lors des funérailles de Louis le Grand. C’est donc une figure emblématique de la musique Versaillaise du Grand Siècle, mais aussi un homme modeste et avisé (sa fortune se compte en charges prestigieuses mais aussi en espèces sonnantes grâce à des placements très judicieux).

Catherine Massip dévoile les étapes d’un parcours semé d’avancées progressives. L’auteur évoque surtout un milieu musical, plus divers et foisonnant qu’il n’y paraît. Louis XIV sut indiscutablement motiver les créateurs sans contraindre les personnalités. Plusieurs figures musicales croisent Delalande. On y rencontre les fils de Lully dont ce Jean-Baptiste homonyme du père – affublé du II de circonstance-, dont on ne sait vraiment comment il s’est maintenu au regard de ses faiblesses compositionnelles ; Philidor, l’ami de toujours, qui l’aida à financer l’obtention de sa charge de musicien de la Chambre et qui créa le Concert Spirituel en programmant les grandes œuvres religieuses du maître Versaillais. Passionnante aussi l’évocation de la succession de Lully mort en 1687 et qui laisse une place à prendre, convoitée par la génération des jeunes auteurs : Colasse – dont la maladresse, dans le genre lyrique, lui fut fatale – surtout Destouche, «le» vrai continuateur de la dramaturgie lulliste, qui s’imposera sous la tutelle de la Reine Marie Leczinska, aux côtés de cet autre élève de Delalande, Colin de Blamont, lequel fut le «protégé» du Surintendant.

Analyse des ballets de Cour – d’autant plus intéressante qu’ils sont méconnus – dont la matière sera «compilée» dans les plus célèbres Symphonies pour le Souper du Roy ; tentative pour caractériser le style du «réformateur» du Grand Motet, légué par Dumont, Robert et Lully ; citations musicales et illustrations essentielles ; tableau récapitulatif des dates de la vie et du contexte ; éléments discographiques : les textes de Catherine Massip nous restituent la carrière et le génie d’un musicien désormais incontournable du Versailles Baroque.

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Michel-Richard Delalande (1657- 1726) « le Lully latin » Catherine Massip. Collection « Mélophiles », Editions Papillon, 2005. 160 pages. ISBN : 2-940310-21-1.

 
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