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La Gazzetta : le grand Rossini est ailleurs

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Gioachino Rossini (1792-1868) : La Gazzetta. Mise en scène, décors et costumes : Dario Fo. Lumières : Franco Marri. Chorégraphie : Sebastiano Mario di Bella. Avec : Cinzia Forte, Lisetta ; Bruno Pratico, Don Pomponio ; Pietro Spagnoli, Filippo ; Charles Workman, Alberto ; Agata Bienkowska, Madame La Rose ; Marisa Martins, Doralice ; Simon Orfila, Monsu Traversen ; MarcCanturri, Anselmo. Chœur Intermezzo, Orchestre de l’Académie du Gran Teatre del Liceu, direction : Maurizio Barbacini. 2 DVD Opus Arte OA0953D Enregistré le 1er et 3 juillet 2005 au Liceu de Barcelone. Sous titrage en français, anglais, allemand, italien, espagnol, catalan. Toutes régions. 163 minutes.

 
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L'intrigue de la Gazzetta nous vient de Goldoni et séduit par sa modernité. Un père de famille fait passer une publicité dans un journal pour « vendre » sa fille au gendre qui lui paraîtra le plus digne.

Evidemment la belle a déjà donné son cœur à un amoureux qui n'est pas du goût de son père. Ni à l'époque du dramaturge vénitien, ni à celle du compositeur de Pesaro, le pouvoir des médias n'était celui qu'il allait devenir au début du XXe siècle. Que tout puisse se vendre est une idée pour le moins audacieuse…

Cette production enregistrée à Barcelone, venait du festival de Pesaro. Dario Fo, lié en « contrat d'exclusivité » à Rossini, comme il le déclare lui-même dans le petit bonus, a choisi de situer l'action dans les années 1920. Ceci nous vaut quelques beaux costumes, coiffures accroche-cœurs, décors Art Déco, une automobile, et surtout une gestuelle sur le plateau typique des années 20. Une caméra de film muet surgit parfois, des danseurs de tango ou de fox-trot se trémoussent silencieusement sur les airs de Rossini.

Ceux qui ont peur de s'ennuyer pendant les airs à variations, ceux qui bâillent dès que la scène reste vide plus de trois minutes ou qui ont peur du chant à l'état pur seront ravis. Il y a toujours un ou plusieurs figurants, acrobates, danseurs, meneur de revue pour animer la scène. On reconnaît la touche du maître Dario Fo et le grain de folie qui parcourt souvent ses productions. C'est vif, un rien systématique. En revanche la portée satirique est intacte. Dario Fo se moque des nouveaux riches, de ceux qui croient que tout s'achète et que le pouvoir rend ridicules.

L'avantage de ce genre de mise en scène est qu'elle peut faire passer un bon moment théâtral si la musique n'est pas au rendez-vous. L'effervescence scénique peut masquer ou compenser la faiblesse musicale. L'orchestre n'est pas la formation stable du Liceu, mais un orchestre de jeunes, une « académie ». On entend parfois que cet ensemble n'est pas un orchestre de première catégorie, mais l'idée de donner une expérience professionnelle aux futurs musiciens est louable. On retrouve une idée chère au Teatro Real et au Liceu : proposer des distributions alternatives moins prestigieuses et donner sa chance aux jeunes. les mène à bon port avec la verve requise pour la musique de Rossini.

Les seconds rôles sont plutôt bien tenus, mais n'exigent pas de prouesses. , en père ridicule, est excellent, tout en faconde napolitaine. tire son épingle du jeu dans un rôle plus exigeant vocalement. en quête d'épouse ne prend pas de risques : on sent le chanteur prudent, évitant tout aigu périlleux ou toute variation un peu folle. Cinzia Forte est fort avenante et bonne actrice mais la voix est légère et manque de corps. La partition est une reconstitution, un patchwork – on reconnaît quantité d'airs venus d'autres opéras – et laisse un sentiment mitigé. Des moments réussis alternent avec des platitudes. Le grand Rossini est ailleurs. On peut comprendre que La Gazzetta ait été négligée par la postérité.

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Gioachino Rossini (1792-1868) : La Gazzetta. Mise en scène, décors et costumes : Dario Fo. Lumières : Franco Marri. Chorégraphie : Sebastiano Mario di Bella. Avec : Cinzia Forte, Lisetta ; Bruno Pratico, Don Pomponio ; Pietro Spagnoli, Filippo ; Charles Workman, Alberto ; Agata Bienkowska, Madame La Rose ; Marisa Martins, Doralice ; Simon Orfila, Monsu Traversen ; MarcCanturri, Anselmo. Chœur Intermezzo, Orchestre de l’Académie du Gran Teatre del Liceu, direction : Maurizio Barbacini. 2 DVD Opus Arte OA0953D Enregistré le 1er et 3 juillet 2005 au Liceu de Barcelone. Sous titrage en français, anglais, allemand, italien, espagnol, catalan. Toutes régions. 163 minutes.

 
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