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Anna Netrebko, la reine en son royaume

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Vienne. Staatsoper. 22-XI-2006. Vincenzo Bellini (1801-1835) : La Sonnambula, mélodrame en deux actes sur un livret de Felice Romani. Mise en scène, décors et lumières : Marco Arturo Marelli. Costumes : Dagmar Niefind Marelli. Avec : Anna Netrebko, Amina ; Antonino Siragusa, Elvino ; Michele Pertusi, le comte Rodolfo ; Simina Ivan, Lisa ; Janina Baechle, Teresa ; Marcus Pelz, Alessio ; Roland Winkler, un notaire. Chœur du Staatsoper (chef de chœur : Thomas Lang) ; Orchestre du Staatsoper, direction : Pier Giorgio Morandi.

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Une fois de plus, le service de location viennois a été pris d'assaut par les spectateurs désireux d'assister à une des quatre Somnambule donnée par la très médiatisée soprano russe, nouvellement Autrichienne, .

Face à la forte demande, le Staatsoper a même proposé une retransmission sur écran géant de deux représentations. Places debout prises d'assaut, battage dans les médias grand public, est la coqueluche des scènes allemandes, new-yorkaise et autrichiennes. Pareille publicité est-elle méritée ?

La production de 2001 (que Natalie Dessay avait connue à une époque de souci vocal) est l'exemple même d'une transposition raisonnable qui ne violente ni le livret, ni le bon sens, ni le bon goût. Nous sommes dans le hall d'un hôtel-sanatorium qui pourrait être celui d'une résidence de cure, un hôtel thermal d'altitude, dans les années 1960. Les tables d'un banquet sont dressées ; un piano à queue occupe le coin gauche de la scène ; une baie vitrée en fond de scène donne sur la montagne. Les convives fêtent le futur mariage d'Amina, femme de service à l'hôtel. Ses collègues employées lui offrent quelques cadeaux avant qu'elle ne passe sa robe blanche. A la fin du premier acte, Elvino furieux ouvrira la baie par laquelle s'engouffrent le vent et la neige. Ce qui nous vaut au deuxième acte le même décor à moitié envahi par la neige dans laquelle est englouti le piano démembré.

Le jeu de scène est bien réglé : des premiers aux seconds rôles, personne n'est livré à soi-même ; même les choristes ont un jeu de scène individualisé appréciable. Notons au passage l'excellente prestation du chœur. L'orchestre à l'effectif réduit (trois contrebasses ; il y en a six pour Traviata et huit pour Otello pour ne citer que ce pupitre et des productions du même mois) obéit scrupuleusement aux choix de Pier Giorgio Morandi : attention portée aux chanteurs, tempi adéquats, pas de rubato excessif comme nous l'avions entendu à Berlin. Au risque de nous répéter, signalons que la partition a subi à peu près les mêmes coupures qu'au Deutsche Oper.

De la distribution, saluons la bonne tenue des rôles secondaires de la troupe viennoise. chante un Rodolfo musical et équilibré. Déception en revanche à l'écoute de l'Elvino d'. Nos oreilles avaient gardé un meilleur souvenir de ses rôles rossiniens, mais la voix sonne trop nasale, le timbre semble plus ingrat que par le passé et la ligne de chant n'est pas toujours soignée. Nous sommes très loin de la splendeur vocale du Juan Diego Florez de Berlin.

Reste la nouvelle reine du Staatsoper. Pour juger sereinement, il faut oublier la surmédiatisation dont elle est l'objet, et la juste irritation qu'entraîne pareille propagande. Ce qui frappe d'abord, c'est l'ampleur de la voix. La projection est impressionnante. Ensuite c'est le jeu de l'actrice : est à l'aise sur une scène, c'est indéniable. Son Amina touche, va droit au cœur. La voir chanter sa cabalette finale devant le rideau fermé, dans une somptueuse robe rouge à la Gilda, est un plaisir des yeux et de l'oreille. S'il fallait émettre une réserve et donner un conseil à cette artiste, c'est de plier sa voix volumineuse aux passages de virtuosité rapide pour qu'ils soient plus nettement exécutés… et d'oser la reprise du «Sopra il sen la man mi posa» avec des variations. C'est aussi cela le bel canto…

Au salut final, la soprano remporte un triomphe mérité.

Crédit photographique : © IMG Artists

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Vienne. Staatsoper. 22-XI-2006. Vincenzo Bellini (1801-1835) : La Sonnambula, mélodrame en deux actes sur un livret de Felice Romani. Mise en scène, décors et lumières : Marco Arturo Marelli. Costumes : Dagmar Niefind Marelli. Avec : Anna Netrebko, Amina ; Antonino Siragusa, Elvino ; Michele Pertusi, le comte Rodolfo ; Simina Ivan, Lisa ; Janina Baechle, Teresa ; Marcus Pelz, Alessio ; Roland Winkler, un notaire. Chœur du Staatsoper (chef de chœur : Thomas Lang) ; Orchestre du Staatsoper, direction : Pier Giorgio Morandi.

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