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Le bal défendu de Michel Morcrette

Ce soir du 29 septembre 1935, la salle attendit vainement la pianiste Clara Pradier, qui ne vint jamais donner son concert. Point de départ, à la faveur d'une fuite et d'un retour sur soi-même, de la narration du destin d'une surdouée dont la vie entière est dédiée à la musique.

Clara est élève de Fauré, de Debussy, de Ravel, amie intime d', qui lui dédie la Belle excentrique, elle rencontre Furtwängler, s'oppose à Busoni, se collette avec Toscanini…bref, elle côtoie le gratin du monde musical de l'avant 1914 et de l'entre deux guerres. Cependant, évoquer les figures connues, réadapter des anecdotes fameuses, ne permet pas tout à fait de recréer une ambiance. Il y manque la couleur, le grain, la saveur de la belle époque, telle qu'on la vit dans un roman de Kessel, par exemple. Ainsi, quand Clara parle de ses nombreux déplacements et de ses éternelles absences, on a presque l'impression qu'elle voyage en Airbus !

Peut-être est-ce que parce que cette histoire n'est pas celle de la musique, bien que toutes les pages en témoignent d'un amour absolu, mais celle du manque : désamour de la mère, départ du père, mensonges et souci de paraître de l'époux, disparition mystérieuse de l'amant (suicide ou assassinat des partisans mussolinistes, et début de la crise identitaire de Clara), Voici dessiné à grands traits le portrait d'un être replié sur soi-même, et qui ne peut, dès la petite enfance, que s'exprimer, et combler les manques, par la voix de son piano. C'est probablement le plus réussi de ce roman, écrit dans une langue assez jolie, mais qui aurait pu être encore plus élégante.

Tel quel, ce livre est de ceux qu'on saisit au fin fond d'une étagère un jour de désœuvrement, qu'on lit d'une traite, qui nous font passer quelques belles heures, qui nous charment par certaines belles pages passionnelles, et qu'on oublie rapidement. Ce n'est déjà pas si mal.

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