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Incandescentes vêpres sous nef gothique

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Saint-Denis, Basilique. 26-VI-2007. Claudio Monteverdi (1567-1643) : Les Vêpres de la Vierge & sonates intercalées de Giovanni Gabrieli (1555-1612), Dario Castello (1590-1630) et Amante Franzoni (1605-1630). Dorothée Mields et Katharine Fuge, sopranos ; Alexander Schneider, alto ; James Gilchrist et Julian Podger, ténors ; Furio Zanassi et Adrian Peacok, basses. Collegium Vocale Gent (chef de chœur : Philippe Herreweghe), Concerto Palatino, direction : Attilio Cremonesi.

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Festival de Saint-Denis

Certaines œuvres, plus que tout autre, portent en elles une universalité qui, même lorsqu'elles avaient à l'origine une connotation religieuse, deviennent patrimoine de l'humanité. Les Vespre della Beata Vergine font partie de celles-là. Publiée en 1610 et dédiée au Pape Paul V par un Monteverdi veuf inconsolable et musicien victime d'un manque de reconnaissance de ses mécènes, la famille des Gonzague, prince de Mantoue, cette œuvre-clé, fondamentale, fut controversée dès sa naissance. Suivant de près l'Orfeo auquel elle doit son style dramatique, elle est aussi et contre même les indications de l'Eglise catholique qui le combat ouvertement, l'expression la plus aboutie du stile nuovo.

Monteverdi y transcende le langage musical pour nous offrir une œuvre incandescente. Entre église et théâtre, cette musique révolutionnaire, en cette belle soirée du 26 juin, a pu s'épanouir sous la voûte gothique de la Basilique de Saint-Denis, qui en son temps bouleversa la conception, la vision même et les techniques de l'architecture. Placée sous les rencontres conjuguées de l'Italie et des Flandres, du Concerto Palatino, d'un chef italien, du et d'interprètes principalement anglo-saxons, c'est l'Europe Baroque sous toutes ses splendeurs qui nous a été offerte.

L'architecture des Vêpres, qui nous a été présentée, est celle d'une version sans les antiennes, mêlée de sonates de compositeurs italiens contemporains de Monteverdi, et permettant de mettre en valeur la grande spécificité du Concerto Palatino, sa virtuosité dans le jeu des cornets à bouquins et des trombones. Si cela peut surprendre au début, avouons que les concertistes ont réellement, par leur talent, permis à un certain nombre de spectateurs de découvrir avec étonnement le son puissant et mélodieux de ces instruments.

Mais c'est surtout le , par sa puissance incantatoire, sa capacité à s'emparer de la nef, qui a donné toute sa couleur à ces Vêpres. Dès la première note lancée, la basilique vibre, palpite, tremble et vit. Le jeune chef italien, se laisse emporter. Quelle fougue ! Quelle énergie ! Il donne à l'orchestre et aux chœurs, par sa direction dansante, une texture éblouissante.

Tous les interprètes solistes ont été excellents, mais certains plus bouleversants, plus habités que d'autres. Quelle meilleure introduction pouvait-on rêver que l'expressivité vocale de , lorsqu'au tout début, il lance cet appel à l'aide « O Dieu, viens à mon aide ». Chacune de ses interventions se sont révélées d'une grande finesse ; ciselant les mots, il les vit, les souffre, exprimant avec sensibilité la fragilité de l'homme face à l'indicible. Quant à la soprano Dorothée Mields, son chant exalté est autant celui de la voix des anges annonciateurs que d'une Vierge sensible. Lorsque l'Amen résonne sous la voûte, au-delà de cet instant sacré qu'est le silence, c'est l'enthousiasme qui prédomine, souvenir de grec, ou plutôt de la renaissance finissante qui fît don au baroque de ce mot, signifiant « possession divine ».

Crédit photographique : © Gérard Monico

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Saint-Denis, Basilique. 26-VI-2007. Claudio Monteverdi (1567-1643) : Les Vêpres de la Vierge & sonates intercalées de Giovanni Gabrieli (1555-1612), Dario Castello (1590-1630) et Amante Franzoni (1605-1630). Dorothée Mields et Katharine Fuge, sopranos ; Alexander Schneider, alto ; James Gilchrist et Julian Podger, ténors ; Furio Zanassi et Adrian Peacok, basses. Collegium Vocale Gent (chef de chœur : Philippe Herreweghe), Concerto Palatino, direction : Attilio Cremonesi.

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