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Antonín Dvořák (1841-1904) : Trio Dumky op. 90. Leoš Janáček (1854-1928) : Sonate pour violon et piano ; « Pohádka » pour violoncelle et piano. Joseph Suk (1874-1935) : Elégie op. 23. Klaviertrio de Dresde : Roglit Ishay, piano ; Kai Vogler, violon ; Peter Bruns, violoncelle. 1 CD Hänssler Classic 98. 463. Code barre : 4010276014393. Enregistré les 15 et 17 novembre 2001 au studio Hans-Rosbaud, Baden-Baden. Notice bilingue : allemand, anglais. Durée : 67’01’’

 
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C'est son ami qui fait découvrir le caractère particulier de la duma ou dumka (« chanson ukrainienne ») à . Ce dernier en reprend l'esprit, mais l'adapte à sa façon : ce ne sont plus seulement des rêveries nostalgiques, mais parfois des mélodies au caractère joyeux et exubérant. Concrètement, il est possible de trouver chez lui des danses endiablées à côté de méditations nostalgiques, de même que l'alternance entre des modes majeurs et mineurs.

Dvořák utilise la dumka à plusieurs reprises, comme dans les Danses Slaves, le Quatuor avec piano n°2, le Quintette op. 81 ou encore le Trio op. 90 dit « Dumky ». Chacun des six mouvements de ce trio est en effet une dumka… façon Dvořák ! Avec ses alternances de caractères et de tempi si caractéristiques et surprenants à la fois. Ce que le Klaviertrio de Dresde rend très bien dans l'ensemble, faisant sonner magnifiquement son superbe violoncelle (qui a appartenu à Pablo Casals), principalement dans le registre grave. Le violon de Kai Vogler lui répond de façon subtile tandis que soutient solidement l'ensemble au piano. Si les parties mélancoliques sont particulièrement expressives, certains pourront penser que les plus dynamiques, très mesurées, subtilement enlevées, manquent cependant un peu de fougue. Sans pour autant lasser l'auditeur, c'est le moins que l'on puisse dire ! Ce trio n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai en matière de musique d'Europe centrale puisqu'il a déjà interprété des œuvres de Smetana ou encore Martinů, pour ne citer que quelques noms.

Ce n'est pas un hasard si l'on trouve sur ce même disque deux pièces de Janáček, car elles font toutes deux référence à l'esprit de la dumka. Ainsi « Pohádka » (le conte) pour violoncelle et piano prend-il sa source dans un poème épique La Légende du Tsar Berendei de Joukovski (1783-1852) qui retrace une poétique histoire d'amour, avec différentes atmosphères très caractéristiques conservées dans les trois mouvements de Janáček. Notons ses passages de rêveries nonchalantes manifestes. De même, sa célèbre Sonate pour violon et piano (créée en 1922) fait référence au populaire dans la tournure et l'atmosphère de ses mélodies, en n'oubliant pas la diversité des climats musicaux. La pièce de Joseph Suk, Elégie, qui ferme la marche de ce très beau programme en réunissant à nouveau les trois instrumentistes, ne dément pas le rapprochement possible avec les spécificités de la dumka dvorákienne : le piano installe un caractère sombre initial dans son accompagnement, auquel répondent tour à tour le violon et le violoncelle plaintifs. Une deuxième section plus passionnée revient rapidement à une énoncée du thème initial dans le même caractère, avec contre-chant au violoncelle. L'œuvre se termine encore sur des contrastes d'atmosphères, les interprètes laissant le son disparaître de manière évanescente. Encore une fois, une très belle harmonie entre les instrumentistes et un équilibre apaisant.

Dans ces trois pièces, à nouveau, les interprètes s'écoutent, se parlent, se répondent, créant non pas une, mais des atmosphères comme la dumka dvorákienne. Du beau piano, du beau violon, du beau violoncelle, le tout finement équilibré et expressif. Encore une fois, un peu plus de « mordant » n'aurait peut-être pas été hors de propos. Mais c'est une question de sensibilité car l'ensemble reste très poétique, mesuré, et très sensible. En un mot, inspiré et d'une très grande qualité.

Un très beau disque, à conseiller tant pour son interprétation que pour son programme.

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Antonín Dvořák (1841-1904) : Trio Dumky op. 90. Leoš Janáček (1854-1928) : Sonate pour violon et piano ; « Pohádka » pour violoncelle et piano. Joseph Suk (1874-1935) : Elégie op. 23. Klaviertrio de Dresde : Roglit Ishay, piano ; Kai Vogler, violon ; Peter Bruns, violoncelle. 1 CD Hänssler Classic 98. 463. Code barre : 4010276014393. Enregistré les 15 et 17 novembre 2001 au studio Hans-Rosbaud, Baden-Baden. Notice bilingue : allemand, anglais. Durée : 67’01’’

 
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