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Paris, Cité de la Musique. 10-XI-2007. Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin, prélude ; Enchantement du Vendredi saint (extrait de Parsifal). Karlheinz Stockhausen (né en 1928) : Formel. Iannis Xenakis (1922-2001) : Eridanos. Charles Ives (1874-1954) / Larry Austin (né en 1930) : Universe Symphony (création française). Noord Nederlands Orkest, étudiants des classes de percussions du Conservatoire Royal de La Haye, direction : Michel Tabachnik, assisté de Joost Geevers, Libia Hernandez, Christian Karlsen, Frank Zielhorst.

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Noord Nederlands Orkest

Du chaos à l'ordre, tel pourrait être le fil conducteur de ce concert. Des harmoniques qui débutent le prélude de Lohengrin à l'accomplissement de l'Enchantement du Vendredi saint, en passant par l'organisation de la série dans Formel, la création de la polyphonie à partir d'une note pour Eridanos, ou le propos très darwinien de l'Universe Symphony de Ives.

Les qualités évidentes du Noord Nederlands Orkest ont été une des nombreuses surprises de la soirée. Voilà bien un orchestre absolument inconnu sous nos latitudes, qui navigue joyeusement du cross over au contemporain en passant par le grand répertoire, toujours dans un souci constant d'exigence. La preuve une fois de plus qu'un orchestre provincial du nord de l'Europe a bien des leçons à donner aux meilleures formations françaises. L'homogénéité des cordes, la puissance et l'énergie des vents a été mise au service des deux extraits proposés d'opéras de Wagner, le genre de musique avec laquelle il est impossible de tricher. en propose une lecture très calme, apaisée, grandiose sans être grandiloquente. Bien sur, sur le dernier accord diaphane de Lohengrin, le plus pianissimo possible, un spectateur a cru bon de se dégager les glaires de la gorge un peu trop bruyamment. De discrètes mais joyeuses sonneries de téléphones mobiles ont aussi égayé la soirée à divers moments.

C'est toutefois dans le répertoire contemporain que le chef donne le meilleur de lui-même. Cet ancien assistant de Boulez, premier directeur musical de l'Intercontemporain et retiré des scènes françaises pour cause de Temple Solaire (il a été relaxé depuis par la justice helvétique et a bénéficié d'un non-lieu en France) depuis douze ans effectue un retour mérité dans la capitale. Sa maîtrise de l'orchestre, son charisme auprès des musiciens et du public est resté le même.

Formel de Stockhausen surprend par sa fausse simplicité et sa séduction sonore. La série est poussée jusque dans ces retranchements (douze cordes et douze vents), et à l'instar des messes et motets de la Renaissance, la construction rhétorique n'empiète pas sur l'expression musicale. Les sonorités des solistes convoqués ne sont jamais aigres, bien au contraire. Cette plénitude sonore se retrouve pleinement dans Eridanos, pour cordes et cuivres. Là aussi le propos initial, une structure quasiment biologique du discours qui part de l'unisson pour se terminer dans le néant, ne gâche pas l'expression.

La surprise finale est un véritable happening musical que n'aurait pas renié , sauf que avait conçu (sans la terminer, le compositeur Larry Austin s'en étant chargé ultérieurement) sa Universe Symphony alors que le compositeur de 4'33'' n'avait que trois ans. Partition géniale d'un précurseur, intelligemment présentée par le chef d'orchestre lui-même (qui jugeait avec raison que le programme n'était pas assez explicite), elle ne pouvait matériellement être créée en 1915, en raison de l'impossibilité humaine d'exécuter une pièce où se superposent plus d'une trentaine de tempi différents. Maintenant chaque musicien a une oreillette reliée à un ordinateur central, sorte de métronome informatisé. L'orchestre est réparti en six groupes autour du public, nécessitant pas moins de cinq chefs d'orchestre. A cela se rajoute trois groupes de percussionnistes, chaque instrumentiste ayant sa propre pulsation. Le résultat est édifiant : le chaos initial se fait par le groupe de percussions, jouant le plus pianissimo possible, avec un crescendo progressif qui dure près d'un quart d'heure… L'orchestre entre au moment de ce climax sonore, sur des accords tenus qui peu à peu s'imposent, créant ainsi une polyphonie de plus en plus chargée, complexe et structurée. Le public, ainsi cerné de musiciens, est presque pris en otage… Triomphe au final d'une salle comble et comblée.

Crédit photographique : ©

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