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Vers un bonheur noble, intelligible et précis

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Vincent D’Indy (1851-1931). Symphonie en la mineur « Italienne » (sans numéro d’opus) ; Concert en mi bémol majeur pour piano, flûte, violoncelle et cordes op. 89 ; Brigitte Engerer, piano ; Magali Mosnier, flûte  ; Marc Coppey, violoncelle ; Orchestre de Bretagne, Lionel Bringuier, direction. 1 CD Timpani 1C1125. Code-barres : 3 377891 311254. Enregistré en septembre 2007 à Rennes. Texte de présentation : français, anglais. Durée : 63’44

 
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L’idée originale et inspirée de réunir dans un même enregistrement deux compositions distantes par l’esprit et le temps – plus d’un demi-siècle – comporte fatalement son revers : instituer une hiérarchie qui reléguerait au second plan l’œuvre la moins aboutie. Ecueil contourné dans le cas présent par l’intérêt d’une première mondiale ainsi que par la spécificité des genres abordés qui offre au final peu de matière à une véritable comparaison.

Créée le 14 avril 2005 par l’Orchestre Symphonique d’Arménie, la Symphonie «Italienne», écrite en 1872 puis définitivement mise de coté par son auteur, se construit sur une thématique diversifiée mais insuffisamment caractérisée pour pouvoir se prêter aux développements qui allaient par la suite révéler un maître de la forme. Trahissant les influences de Schumann et Mendelssohn (au-delà du titre évocateur) par la nature tourmentée de certains thèmes, les ruptures auxquelles succèdent de puissants crescendos ou encore le mélange d’élégance et de fièvre romantique, cette symphonie ne saurait convaincre pleinement malgré les attraits d’une orchestration colorée, suggestive, agissant comme le corollaire évident des intentions descriptives. La séduction exercée par les jeux de timbres et les moments de lyrisme («Venise») feront difficilement oublier le caractère conventionnel de maintes formules poursuivant une éloquence perdue car pas encore réinventée dans un langage propre, bien qu’elle laissent augurer par leur ton volontaire le souffle puissant de la trilogie Wallenstein (1873-84). L’Orchestre de Bretagne nous fait regarder d’un œil indulgent ces faiblesses en projetant – souvent avec bonheur – davantage de lumière sur telle phrase plus inventive ou spontanée, y ajoutant toute son énergie et sa ferveur.

Contraste total avec le Concert pour piano, flûte, violoncelle et cordes (1926) qui relève de l’esthétique dite «néo-classique», sachant toutefois ce que cette appellation peut mêler de vague et de précis, de vaste et de restrictif : bien que priorité soit donnée à la clarté des lignes et à la solidité du contrepoint, accentuée par le choix d’une instrumentation quasiment jumelle de celle du triple concerto BWV 1044 de Bach dont on retrouve l’élan et la pulsation caractéristiques, l’œuvre n’en pérennise pas moins l’élégance et le charme fauréens (au sens qu’en donnait Jankelevitch), s’attardant dans les méandres d’une nostalgie on ne peut plus opposée à la distanciation faite d’ironie et de lucidité pratiquée à la même époque par un Stravinsky ou un Poulenc.

Les trois solistes jouent leur partie avec esprit et retenue, se singularisant avec délice plutôt qu’ostentation dans les cadences. Attendus de la part de musiciens à la réputation déjà bien établie, goût et nuances veillent à ce que le Concert ne devienne jamais un concerto.

 

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Vincent D’Indy (1851-1931). Symphonie en la mineur « Italienne » (sans numéro d’opus) ; Concert en mi bémol majeur pour piano, flûte, violoncelle et cordes op. 89 ; Brigitte Engerer, piano ; Magali Mosnier, flûte  ; Marc Coppey, violoncelle ; Orchestre de Bretagne, Lionel Bringuier, direction. 1 CD Timpani 1C1125. Code-barres : 3 377891 311254. Enregistré en septembre 2007 à Rennes. Texte de présentation : français, anglais. Durée : 63’44

 
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