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Karol Beffa à Piano aux Jacobins : mieux qu’une improvisation, une recréation

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Toulouse. Musée Les Abattoirs. 28-IX-2009. Improvisations pendant la projection du film de Friedrich Wilhelm Murnau  : L’aurore. Karol Beffa, piano

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s'ouvre en cette année trentenaire sur toute la ville rose. Au bord des quais de la Garonne c'est le musée Les Abattoirs qui accueille ce soir l'avant-dernier concert du festival.

Dans l'auditorium Jean Cassou, dans le noir, pendant la projection d'une très belle copie de l'Aurore de Murnau, propose de prolonger le rêve éveillé que représente ce film muet à la fois onirique et réaliste. Sans jamais chercher à coller ni aux images, ni aux rythmes du film, c'est parfois avec un décalage artistiquement amené que le pianiste-compositeur propose son improvisation. Avec beaucoup de modestie et d'élégance commente le film sans jamais prendre le pas sur les magnifiques images. Sa musique suggère les états d'âme des personnages, sans chercher à décrire la très belle photographie de Murnau qui reste pleine de la plus grave et éternelle des poésies. L'histoire peut paraître simple, mais elle offre bien des axes de lecture. Un homme trompe sa femme avec une vénéneuse créature de la ville qui lui suggère le meurtre de sa paysanne de femme pour vivre avec elle à la ville. La tentative de meurtre se transforme en reconquête de sa dignité, redécouverte de l'amour et du partage des valeurs de la vie. Pour tout homme le désir de changement n'a pas d'avenir dans le meurtre de ses propres origines ni de sa famille. La partition animée par Beffa se referme ainsi sur les images de la campagne avec de la musique schubertienne. Les intérieurs comme les extérieurs, la campagne, la mer, la ville, les animaux comme les humains sont poétisés par un cadrage, des lumières et des ombres, des superpositions et des mouvements de caméra subtils. Le noir et blanc magnifie en l'épurant la plus exquise délicatesse des images. Le piano de Beffa a la même subtilité. Débutant comme du Schubert il parcourra tout ce que cet instrument a de plus poétique, dans un esprit d'hommages aux compositeurs sans emprunts directs et sans jamais rechercher une virtuosité qui serait totalement déplacée ici.

Les rythmes sont variés, l'harmonie jamais malmenée et les leitmotivs sont utilisés avec discernement. Ainsi un Dies irae très déformé accompagne les projets de meurtre comme la recherche du corps de la noyée. Le silence est utilisé en tant que force dans des moments clefs et des effets de piano frappé renforcent le climat bizarre et surnaturel lorsque c'est nécessaire. Ce que les images proposent, la musique improvisée par le déplie en une recréation pleine de vigueur. La modernité et l'intemporalité du film de Murnau rencontrent celles des improvisations inclassables de Karol Beffa. Le public a vécu de beaux moments d'émotions mêlées, pendant un spectacle d'une grande originalité. Il s'agit d'un cadeau rempli de poésie et de surprises fait par à un public rajeuni. Il a remporté un beau succès.

Crédit photographique : Karol Beffa © DR

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