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Schumann lyrique par le Chœur de l’Opéra National de Paris

Le en concert, seul, voila qui n'est pas courant. Après tout, pourquoi pas ? Le nouveau chef de chœur de la maison confiait dans un récent entretien vouloir défendre avec ses troupes d'autres répertoires de temps à autres que le lyrique. Premier concert test en ce dimanche soir…

Test réussi. Comment pouvait-il en être autrement avec un chœur – réduit à 32 musiciens – professionnel ? Mendelssohn et Schumann ont jusqu'alors été défendus par des ensembles vocaux rompus à ce répertoire, et tout le travail particulier qu'il demande. La prestation du , loin de démériter face aux chœurs de chambres habitués à l'exercice de l'oratorio et de l'a cappella, n'appelle que des éloges.

Bien sûr, chaque membre du chœur est un soliste en puissance. C'est le cas d'Anne-Sophie Ducret, qui prête sa voix corsée de soprano au motet Hör mein Bitten qui ouvrait le concert. Le chœur derrière se fait toujours homogène et solide. Impression confirmée dans les Trois motets pour chœur de femmes, qui trouvent sous la direction de une interprétation plus charnue et plus colorée.

Der Rose Pilgerfahrt qui suit est plus proche du monde lyrique. Oratorio «de chambre» de Schumann, prévu pour le piano (puis orchestré), il est typique des dernières œuvres de son auteur, de ces ballades épiques sur sujets fantastiques. Rose, un elfe, désire connaître le bonheur humain. Sous l'apparence d'une jeune fille, elle découvre le monde jusqu'au bonheur ultime, avoir un enfant. Comblée, elle quitte son enveloppe corporelle pour retourner dans son monde d'elfes.

De l'ensemble des solistes, issus de l'Atelier lyrique de l'Opéra National de Paris, retenons surtout l'excellent , ainsi que Zoe Nicolaidou, qui sait interpréter le rôle principal avec émotion. Ils sont en cela aidés par l'accompagnement attentif de Philippe Reverchon. Le est capable de moments exceptionnels (chœur d'hommes, chœur des noces, marche funèbre), mais avoir sollicité ces dames en première partie leur font «patiner» quelque peu les délicats chœurs des elfes qui émaillent la première moitié de l'œuvre. La vision d'ensemble de est très terrienne, renouant avec les racines populaires de cette ballade. Les basses au piano sont volontairement appuyées, les effets rythmiques exagérés. Un Schumann rustique sans être rustaud, littéralement «corporel».

Crédit photographique : Patrick-Marie Aubert © Patrice Nin

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