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Les Ballets Russes : une déferlante orgiaque à travers Les Siècles

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Paris. Cité de la Musique. 02 & 03-X-2010. Edvard Grieg (1843-1907), Alexandre Glazounov (1865-1936), Christian Sinding (1856-1941), Anton Arenski (1861-1906) : Les Orientales ; Alexandre Borodine (1833-1887) : Le Prince Igor (Marche et Danses polovstiennes) ; Igor Stravinsky (1882-1971) : L’Oiseau de Feu, ballet intégral ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Nikolaï Rimsky-Korsakov (1844-1908), Modeste Moussorgski (1839-1881), Alexandre Glazounov, Mikhaïl Glinka (1804-1857) : Le Festin ; Robert Schumann (1810-1856) : Carnaval (orchestration de Maurice Ravel) ; Nikolaï Rimsky-Korsakov : Schéhérazade op. 35. Daniel Mesguich, récitant. Orchestre Les Siècles, direction : François-Xavier Roth

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La série de concerts que nous proposait était plus que bienvenue, ce pour plusieurs raisons. En jouant toutes les œuvres programmées en leur temps par Les Ballets Russes de Diaghilev, et non pas seulement les (habituels) tubes de Stravinsky, il nous donnait non seulement un portrait fidèle de ce phénomène artistique, mais également une radiographie de la musique de ballet à la fin de la belle époque, entre pots-pourris, transcriptions hasardeuses, adaptations et créations.

Citons tout de suite les trois moments forts de ces deux concerts. Les Danses Polovstiennes tout d'abord, qui venaient à point nommé après des Orientales décousues et d'une neutralité à pleurer – c'est à dire bêtement orientalisante, avec quintes à vides, mélopées de clarinette ou de cor anglais, ostinati de tambour de basque … Les Danses donc, musique irrésistible, qui plus est interprétée avec feu par un orchestre chauffé à blanc, nous laissaient présager un Oiseau de Feu exceptionnel. Ce fut le cas, bien que «Le Jardin de Katscheï» ait été interprété à la manière d'un tour de chauffe ; on hésite : sur le tempo, la nuance, comment ça fait déjà ? Et puis hop ! C'est parti pour une bonne demi-heure de musique toute en sensualité et en fièvre. L'orchestre, mené par une direction très claire et engagée, a un son un peu sec, qui renouvelle utilement cependant la vision que l'on pouvait avoir de cette œuvre somptueuse ; un peu moins de vibrato dans le solo de violon, et que le piccolo nous vrille les tympans dans la «Danse Infernale» ! On sort de là tout bonnement ravi, avec l'envie de faire des entrechats.

Le lendemain, c'est Schéhérazade qui nous réservait de belles surprises. Entrecoupés de passages narratifs alambiqués composés par un poète-homme-à-tout-faire visiblement érotomane (voire opiomane) autour de l'argument du ballet de 1910, les divers mouvements de cette «suite symphonique» étaient rendus avec tout le chatoiement et la virtuosité qu'y a mis Rimski-Korsakov. On regrette parfois une articulation un peu brusque des solos de violon et un choix de tempos extrêmes, mettant en danger l'orchestre.

Il n'est à rien à dire de plus sur la musique du Festin que ce que nous disions de celle des Orientales, mais que penser enfin de l'orchestration du Carnaval de Schumann ? Œuvre collective de trois maîtres et de leurs élèves, cette orchestration est tellement typique de l'art russe fin de siècle … qu'elle ne marche pas du tout. Au regard de ses symphonies, Schumann n'aurait lui non plus sans doute pas pu restituer à l'orchestre toute la fraicheur et la grâce de ces «scènes mignonnes». Au moins, lui, il n'a pas essayé. Restent tout de même quelques belles trouvailles d'orchestration, noyées dans une demi-heure de lourdeur pachydermique, encore aggravée par de trop longues pauses entre les mouvements, qui nuisent à l'unité organique de la pièce.

Au final, on ne peut que regretter de ne pas avoir eu droit à une reconstitution des chorégraphies correspondantes à ces œuvres diverses. Car il est bien évident que les pièces qui ont marché sont celles qui tiennent déjà au concert, de par leurs qualités et le fait qu'elles font partie du répertoire symphonique usuel, quand les autres sont des météores, des pièces hétéroclites faites pour créer un cadre à la danse. Rien de plus.

Crédit photographique : © DR

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Paris. Cité de la Musique. 02 & 03-X-2010. Edvard Grieg (1843-1907), Alexandre Glazounov (1865-1936), Christian Sinding (1856-1941), Anton Arenski (1861-1906) : Les Orientales ; Alexandre Borodine (1833-1887) : Le Prince Igor (Marche et Danses polovstiennes) ; Igor Stravinsky (1882-1971) : L’Oiseau de Feu, ballet intégral ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), Nikolaï Rimsky-Korsakov (1844-1908), Modeste Moussorgski (1839-1881), Alexandre Glazounov, Mikhaïl Glinka (1804-1857) : Le Festin ; Robert Schumann (1810-1856) : Carnaval (orchestration de Maurice Ravel) ; Nikolaï Rimsky-Korsakov : Schéhérazade op. 35. Daniel Mesguich, récitant. Orchestre Les Siècles, direction : François-Xavier Roth

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