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Noirlac, de voix à voix

L'abbaye de Noirlac accueille, comme chaque été, ses « Traversées », séries de concerts placés sous le signe de la rencontre. Rencontre des répertoires, rencontre des ensembles avec un lieu, rencontre d'artistes avec ces « duos singuliers ».

La première « rencontre » est entre l'ensemble vocal Canticum Novum, dirigé par le haute-contre , et l'ensemble venu en voisin d'Orléans , dirigé par Patrick Cohen-Akenine dans un ensemble de motets consacrés à Marie de , entrecoupés de sonates (d'église ou non) d'. Un programme long et ambitieux, qui peine à démarrer, chanteurs et instrumentistes ‘entrant dans le « coeur du sujet » qu'à la fin de la première partie. En contrepoint de ce baroque franco-italien, un motet contemporain de Nicolas Bacri donne une heureuse note actuelle. Entrant peu à peu dans la musique, l'ensemble des exécutants termine avec de très majestueuses Litanies à la Vierge de Charpentier, une exécution qui à elle seule méritait le déplacement jusqu'à Noirlac.

Entre deux concerts est systématiquement proposé un « duo singulier », rencontre entre un musicien et un artiste d'un autre domaine pour un court happening improvisé. Le contrebassiste était confronté à la danseuse pour un duo très expressif, sorte de lutte entre musique et danse dans laquelle personne ne sort vainqueur. On pouvait reconnaitre ça et là dans les improvisations de la contrebasse quelques thèmes connus, classiques, standard de jazz ou de chansons. Une « respiration » salutaire et bienvenue entre les deux concerts.

La soirée se terminait avec l'ensemble Mikrokosmos au complet, venus aussi en voisin de la ville de Vierzon. Mikrokosmos est une expérience de près de 25 ans, à l'origine un choeur de collège qui a progressivement grandi et s'est professionnalisé. accepte dans son « choeur-école » du tout-venant, jeunes gens désireux de chanter sans pour autant avoir une formation musicale poussée. Certains restent et forment le choeur de solistes, professionnels. Bien sûr, l'ensemble ne possède pas l'homogénéité ou la couleur d'autres choeurs de chambre plus « en vue », et formés exclusivement de professionnels rompus à cet exercice depuis de nombreuses années. Néanmoins, malgré ces quelques imperfections – un pupitre de basses en retrait, des sopranos 1 un peu trop basses – il se dégage de Mikrokosmos une énergie communicative et le travail de préparation est de qualité. On regrettera la programmation du concert, très composite, sorte de patchwork d'oeuvres chorales du répertoire français, mêlant des transcriptions plus ou moins heureuses (quel est l'intérêt de réécrire les mélodies de Fauré alors que le répertoire a cappella est immense ?) et des extraits de cycles de Poulenc ou Daniel-Lesur. L'intérêt résidait surtout dans les pièces contemporaines, dont certaines en création, qui confrontaient la masse chorale au violon d'. Retenons surtout le Stabat Mater de , très expressif et d'une écriture très proche de celle de Penderecki, ainsi que l'inusable , dont l'oeuvre pour choeur va connaître les honneurs de l'institution du baccalauréat en 2013.

Dans le réseau des abbayes romanes qui s'emplissent de musique au moment des beaux jours, n'oublions pas Noirlac, qui résonnera jusqu'à la fin juillet.

Crédit photographique : (c)  DR

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