Audio, Opéra, Parutions

Un Freischütz de salon se voulant historique

Plus de détails

Instagram

Carl Maria Von Weber (1854-1928) : Der Freischütz. Christian Gerhaher, Ottokar ; Friedemann Röhlig, Kuno ; Petra Maria Schnitzer, Agathe ; Johanna Stojkovic, Ännchen ; Georg Zeppenfeld, Kaspar ; Christoph Pregardien, Max ; Andreas Hörl, ein Eremit ; Christian Gerhaher, Killian ; Markus John, Samiel ; Christiane Rost, Anke Lambertz, Gabriele Henkel, Andrea Weigt, Demoiselles d’honneur. WDR Rundfunkchor Köln (chef des chœurs : Godfried Ritter). Cappella Coloniensis des WDR, direction : Bruno Weil. 2 CD Sony Opera House 8697856572. Code barre : 886978565623. Enregistré à Cologne du 25 juin au 1er juillet 2001. Notice trilingue (anglais, français, allemand), pas de livret. Durée : 120’33’’

 
Instagram

Certes, la série  se veut bon marché et du coup allège un peu la présentation et le packaging, mais c'est parfois, comme ici pour ce Freischütz non traditionnel provenant du catalogue Deutsche Harmonia Mundi, plutôt pénalisant.

Car l'auditeur non prévenu risque d'être bien surpris par ce qu'il va entendre, musicalement avec l'utilisation d'un orchestre dit « d'époque » sonnant donc « à la baroque », et dramatiquement par l'ajout entre chaque numéro chanté d'interventions parlées de Samiel. On ne peut donc que regretter l'absence de présentation de la part de l'éditeur sur ces choix artistiques, et pour les non germanophones, de la traduction du texte additionnel de Samiel, non présent sur les livrets classiques de l'œuvre.

Et puisqu'on parle du loup, restons justement avec ce Samiel new look, impénitent bavard qui nous assène ses « Ich bin .. », « Ich habe … » à longueur de temps, ce qui lasse assez vite et surtout n'apporte strictement rien à la dramaturgie, et même, plus grave, rompt franchement la continuité de  l'œuvre. Une vraie mauvaise idée, qui plus est réalisée par son interprète de façon très plate et d'autant plus ennuyeuse. Le deuxième choix artistique radical de cette interprétation est celui du chef , qui, comme à son habitude, veut ramener l'œuvre dans son jus « historique » d'origine, démarche qui se défend même si elle nous semble parfois relever plus du gardien de musée que de l'artiste créateur et inspiré, et qui du coup, voulant nous faire un pas en avant nous fait faire bond en arrière. C'est malheureusement ce qui nous semble arriver ici, avec un Freischütz dénué d'atmosphère et du moindre élan romantique, loin de la magie démoniaque ou de la saveur rustique qui le caractérise « habituellement ». Dire que l'Ouverture plante un décor et instaure un climat expressif serait très exagéré, car, si on y entend un son plaisant et beaucoup de détails et de transparence, on y entend rien d'autre et surtout pas une continuité dramatique, une progression, des respirations, du suspens, bref de l'opéra que diable ! La Marche paysanne qui suit peu après manque cruellement de saveur « paysanne » et sonne comme une musique de salon, et pas celui raffiné et expressif de Richard Strauss, mais plutôt ceux du XVIIIème siècle. En fait, si on fait abstraction du texte et qu'on écoute uniquement la direction d'orchestre, on a réellement l'impression de se trouver dans un beau salon bourgeois ou aristocratique pré-mozartien, parfois au Prater de Vienne, surement pas dans une forêt de Bohème, ce qui est quand même un sacré contresens. Dans cet esprit là reconnaissons que ce n'est pas mal fait et que l'orchestre se défend, même s'il y a quelques soufflets et pouet-pouet par ci par là. La distribution ne démérite nullement, du moins vocalement, même si le style n'y est pas toujours idéal.

Comparé au reste de la discographie, ce Freischütz ne fait pas le poids, dans tous les sens du terme, et ne pourra être réservé qu'aux très curieux, avides d'originalité à tout prix, ou aux aficionados des instruments anciens. Pour les autres, vive les Furtwängler, Keilberth, Jochum, Kleiber et les Philharmonie de Vienne, Berlin et autre Staatskapelle de Dresde, excusez du peu.

(Visited 301 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Carl Maria Von Weber (1854-1928) : Der Freischütz. Christian Gerhaher, Ottokar ; Friedemann Röhlig, Kuno ; Petra Maria Schnitzer, Agathe ; Johanna Stojkovic, Ännchen ; Georg Zeppenfeld, Kaspar ; Christoph Pregardien, Max ; Andreas Hörl, ein Eremit ; Christian Gerhaher, Killian ; Markus John, Samiel ; Christiane Rost, Anke Lambertz, Gabriele Henkel, Andrea Weigt, Demoiselles d’honneur. WDR Rundfunkchor Köln (chef des chœurs : Godfried Ritter). Cappella Coloniensis des WDR, direction : Bruno Weil. 2 CD Sony Opera House 8697856572. Code barre : 886978565623. Enregistré à Cologne du 25 juin au 1er juillet 2001. Notice trilingue (anglais, français, allemand), pas de livret. Durée : 120’33’’

 
Mots-clefs de cet article
Instagram
Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.