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Coup d’envoi de la saison musicale des Bouffes-du-Nord avec l’Ensemble Court-Circuit

C'est l' et son chef , en résidence depuis l'année dernière au Théâtre des Bouffes du Nord, qui donnaient le coup d'envoi de la saison musicale 2011 avec un concert-spectacle mêlant la sophistication technique à l'inattendu visuel et sonore. Si la première pièce ne bousculait pas les habitudes du concert, les deux suivantes exigeaient un important dispositif scénique et l'assistance de l'électronique. Ce sont en effet deux commandes du Projet Integra, un programme européen de musique électronique live regroupant centres de recherche et ensembles et coordonné par le conservatoire de Birmimgham.

n'a que 26 ans lorsqu'il compose Pri em hru déjà emprunt de cette fascination pour l'Egypte ancienne qui va souvent nourrir son inspiration sonore. Le compositeur espagnol invoque ici Le Livre des Morts et les formules magiques qui aident le défunt à franchir le seuil pour aller « hors du jour ». Si la forme générale, incluant au centre un important solo de flûte – remarquable Jérémie Fèvre -, semble assez convenue, l'écriture qui s'y déploie, dans les textures fragiles du début ou l'effervescence sonore induite par l'énergie du geste, est toujours finement contrôlée, dévoilant les facettes multiples d'un imaginaire sonore très personnel.

Plus innovant, avec un rien d'humour et une bonne dose d'imagination, le Vénitien se réfère au Livre de Job pour concevoir Le nubi non scoppiano per il peso (Les nuages n'éclatent pas sous leur propre poids) crée il y a peu au Festival Ultima d'Oslo. On connait le goût irraisonné du compositeur pour la nouveauté des sources sonores. Pour l'heure, il fait installer sur le devant de la scène une machine à pluie, conçue par Simon Cacheux et programmée pour que la chute des gouttes d'eau viennent faire sonner des cloches et des bols tibétains disposés en dessous. La goutte d'eau agit également sur deux plaques électriques surchauffées produisant des petites explosions amplifiées et traitées par l'ordinateur. Le tout géré avec mesure et raffinement au sein d'une écriture qui favorise des aller-retour subtils entre l'instrumental et l'électronique pour jouer sur l'ambiguité des sources et la magie des sonorités. L'intervention de la soprano nigérienne dans la pleine intensité de sa voix, aussi belle qu'inattendue, fait jaillir l'émotion au sein de cet univers mystérieux et plein d'interrogations.

Une fois le tapis de sol tendu et le décor monté sur le plateau des Bouffes du Nord, l' – 9 instruments sonorisés – revenait sur un côté de la scène pour laisser évoluer les deux danseurs espagnols, Ana Luján Sánchez – également chorégraphe – et Toni Aparisi, sur la musique de la compositrice d'origine mexicaine . Revelaciòn emprunte son titre à la toile éponyme de la plasticienne espagnole Remedia Varo mais la musique n'est en aucun cas une tentative d'illustration: « C'est la rencontre des idées chorégraphiques et musicales qui ont donné vie à la pièce » nous dit la compositrice; et c'est bien ce magnétisme entre le son et la chorégraphie qui opère dès le début: entre le geste du chef – imperturbable Jean-Deroyer – et le mouvement stylisé de la danseuse, hissée sur les épaules de son partenaire au tout début du spectacle. Imposant le mouvement de leur corps sur la toile sonore, les deux danseurs savent habilement tirés partis de l'espace et des suggestions de la musique dans un foisonnement d'idées remarquablement exploitées. Irréprochable quant à lui et très coopérant – (clarinette) et Stéphane Bidoux (cor) sortent du rang pour évoluer en solo – l'  assurait une partie sonore extrêmement soignée et dans un parfait équilibre des sonorités.

Crédit photographique : © DR

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