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Le Ring par Furtwängler à la Scala idéalement restauré

Même si à l'origine elles n'étaient pas destinées à une publication discographique, nous pouvons vraiment nous estimer heureux d'avoir à notre disposition deux réalisations intégrales du Ring des Nibelungen, toutes deux italiennes, par  ; car hélas, EMI s'y est pris trop tard, en 1954, l'année même de la mort du chef, pour son intégrale studio dont seule une admirable Walkyrie a vu le jour…

Ainsi le plus grand interprète de Wagner, , n'a pas attendu la réouverture du Festival de Bayreuth en 1951 pour nous laisser un témoignage de L'Anneau du Nibelung enregistré à la Scala de Milan en mars-avril 1950, et il renouvellera ce témoignage trois ans plus tard à Rome pour la radio italienne RAI.

Tout a été dit au sujet de ces deux productions de légende : à l'actif de la version Scala, un excellent orchestre – même s'il ne peut concurrencer Vienne ou Berlin – et la crème des chanteurs de l'époque, parmi lesquels la Brünnhilde hiératique et insurpassable de , la voix sombre et incomparable de Ferdinand Frantz en Wotan, un Crépuscule des Dieux d'exception par la seule présence de Max Lorenz en Siegfried, le tout malheureusement entaché d'une prise de son médiocre et d'un public bien peu discret ; à l'actif de la version RAI, une bonne prise de son, des chanteurs plutôt équivalents et d'ailleurs parfois identiques à ceux de la version Scala, mais sans la présence de Flagstad ou Lorenz ; hélas l'orchestre, pourtant primordial chez Furtwängler, est inférieur… Le choix était donc difficile, et les fans de Wagner et/ou Furtwängler avaient donc tout intérêt à posséder les deux versions…

Or la publication de la version Scala 1950 par la Société remet allégrement tout en question ! Nous ne savons par quel miracle l'équipe habituelle, et Charles Eddi, a réalisé un tel transfert, mais en tout cas, le résultat sonore est stupéfiant de clarté et de transparence, et digne d'une excellente captation en mono des années 50. L'auteur de cette chronique, qui a une formation d'ingénieur électroacousticien, sait les heures et les heures de travail ardu et souvent pénible que nécessite ce résultat, d'autant plus qu'il s'applique à un ensemble d'une durée de plus de 14 heures : et Charles Eddi, par leur oreille exigeante et infaillible, sont parvenus non seulement à restaurer avec certitude l'ambiance originale de l'interprétation, mais également à enlever tous les bruits parasites lorsque ceux-ci n'interféraient pas avec le message musical. Il n'est donc guère étonnant que ce soit en une seule fois que fut accomplie l'écoute d'une grande partie de ce coffret, sans aucune fatigue – même au casque – et avec émerveillement, grâce à un son mono excellent et des plus homogènes et naturels : un véritable enchantement !

Le plus bel éloge qui puisse donc être fait, est de dire que l'on se croirait sur place. Et désormais, c'est cette réalisation de la Société Wilhelm Furtwängler française qui prévaut et doit impérativement être acquise pour goûter pleinement cette interprétation sans équivalent de l'immense chef allemand.

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