Immense clarinettiste actif et apprécié dans les grands centres musicaux du monde entier, Louis Cahuzac (1880-1960) a fait sonner son instrument avec une expertise dont la mémoire collective, quoique vacillante, a gardé des qualificatifs élogieux et peut-être un rien nostalgiques. Mais l'instrumentiste bardé de diplômes, de reconnaissance et de réussites était également compositeur. Philippe Cuper, super-soliste de l'orchestre de l'Opéra National de Paris (à partir de 1984) et riche d'une éducation au plus haut niveau, de prix de premier plan et de remarquables réalisations a décidé d'en rendre compte. Rappelons que Philippe Cuper avait enregistré le difficile et si original Concerto pour clarinette de Carl Nielsen avec l'Orchestre de Bretagne dirigé par Claude Schnitzler (ADDA) en 1992, tout comme l'avait fait avant lui Louis Cahuzac en 1947 avec l'Orchestre royal de Copenhague mené par John Frandsen (Danacord). Ce point de convergence, inédit et intéressant certes, préjuge-t-il d'une nouvelle intersection mettant en œuvre les fabuleuses qualités expressives de Cuper, rodé aux exécutions les plus ardues, et les compositions – toutes à destination de son instrument – de Cahuzac ?
Ces dernières ne s'aventurent jamais à tenter la comparaison avec les plus purs chefs-d'œuvre consacrés ayant structuré un fabuleux catalogue à travers les époques. Bien qu'influencée par la musique populaire du Pays d'Oc d'une part et par des réminiscences de Mozart, Weber, voire Stravinsky, son écriture ne dépasse pas l'anecdote, le sympathique, l'atmosphère feutrée du bis. Philippe Cuper en maîtrise l'interprétation avec l'aisance et la musicalité qu'on lui connaît sans parvenir – mais on ne saurait lui en tenir rigueur – à hisser ces tentatives au rang des partitions impérissables. Cette très sympathique redécouverte nous donne l'occasion de raviver la figure d'un des plus notables interprètes du siècle passé.