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Le Bruckner majestueux d’Herbert Blomstedt

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Paris. Salle Pleyel. 27-IX-2012. Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n°8 en ut mineur. Orchestre de Paris, direction : Herbert Blomstedt

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Une fois n'est pas coutume, ce concert de l' n'était donné salle Pleyel qu'une seule fois au lieu de l'enchaînement traditionnel mercredi et jeudi, l'orchestre partant dans la foulée en Autriche pour offrir ce même programme dans le cadre de la Brucknerfest de Linz.

C'est le chef suédois qui avait manifestement laissé forte impression lors d'une Symphonie n°5 il y a deux saisons qui revenait officier dans ce qui constitue sans doute « l'autre » sommet achevé du corpus brucknérien, mettant à part cet immense chef d'œuvre qu'est la neuvième symphonie du maître de Saint-Florian, malheureusement restée incomplète.

Bon sang ne saurait mentir, ce n'est pas à plus de quatre vingt printemps que allait changer son style du tout au tout et ce que nous écrivions à l'issu de son concert Beethoven Strauss l'an passé reste entièrement d'actualité : « Cette volonté constante de ne jamais pousser trop loin l'expression, favorisant la qualité des phrasés plus que l'intensité du discours, alliée à une performance de haut niveau de l'orchestre, nous donna néanmoins une version assez magistrale de ce poème symphonique, comme du concerto de Beethoven juste avant, dans les deux cas un poil distanciée quand même ».

Toute aussi magistrale fut l'exécution de cette Symphonie n°8 d', avec ses phrasés toujours soignés, et ses lignes musicales parfaitement claires. Le chef sut tout aussi magistralement équilibrer les masses orchestrales et faire sonner de façon parfaitement adéquate l'orchestre parisien dans une musique qui mettait (et met souvent encore) les musiciens français en difficulté. On put même lire plus d'une fois de francs sourires de plaisir sur les visages de certains instrumentistes qui autrefois étaient très peu à l'aise lorsqu'ils devaient escalader les montagnes brucknériennes. Ce soir on sentait l'orchestre s'y engager plus franchement sans trembler (à peu de choses près). Les ppp gardaient du corps alors que les fff restaient musicaux sans une once de dureté ni de saturation. Les cuivres s'y montrèrent dans l'ensemble remarquables, des Wagner tuben au contre-tuba, apportant ainsi à cette musique sa couleur tellement spécifique. Une belle réussite d'ensemble où il nous manqua quand même une petite dimension. Car si tout sonnait fort bien et pouvait franchement impressionner, il nous sembla que le chef, à la vision  admirative vis-à-vis de cette symphonie, la laissait s'écouler majestueusement devant lui sans la conduire fermement entre sommets d'intensité et moments de détente, sans impulser clairement à chaque section un rôle spécifique dont l'assemblage du tout saute alors aux oreilles comme une évidence. Les mouvements impairs en pâtirent sans doute plus que leurs voisins pairs, avec le premier, Allegro moderato, manquant quelque peu de tension et d'enjeu, et un Adagio sans réelle progression dramatique, que nous illustrerons par l'exemple de son sommet d'intensité marqué par l'intervention des cymbales qui ne semblait pas découler de ce qui précéda, pas plus que la désagrégation du tissu orchestral jusqu'au ppp conclusif ne sembla l'indispensable détente après l'accumulation de tension qui a précédé. Ce défaut de continuité marqua à un degré moindre l'immense final dont la génialissime coda n'apparut pas si nettement comme la résolution de toute la symphonie. Néanmoins ne crachons pas sur la soupe brucknérienne ainsi servie avec amour par le chef et ses musiciens même si elle nous a semblé manquer d'épices et qu'elle aurait pu être agitée un peu plus vigoureusement, mais ce n'est pas le style de ce chef.

Symbole d'un programme destiné à un festival, dont ce concert constituait une répétition grandeur nature, annonça au public, avec un sourire malicieux une « surprise, très court ! » et lança ses troupes dans l'exécution en bis du Scherzo de la Symphonie n°2 du même Bruckner dans la parfaite lignée de ce que nous avons entendu ce soir.

Crédit photographique : Herbert Blomstedt © Gert Mothes

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