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Reijo Kiilunen : fondateur d’Ondine, label de l’année 2012

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Fondé en 1985, par Rejo Kiilunen, le label finlandais Ondine est devenu un acteur important du marché de la musique classique. Ses productions, toujours très appréciées dans ces colonnes, offrent la part belle aux musiciens finlandais et aux artistes reconnus, y compris en France. Ondine a reçu, lors des 2012, le prix du label de l'année. Reijo Kiilunen revient, pour ResMusica, sur l'histoire et le futur de son entreprise.

ResMusica : Vous avez enregistré Ravel et Berlioz avec et l'orchestre national des Pays de la Loire, dirigé par (Clef ResMusica). Comment avez-vous eu l'idée de cet album ?

Reijo Kiilunen : Nous avions travaillé auparavant avec , il avait enregistré le Concerto pour percussions de à la tête de la Philharmonie d'Oslo. J'avais ensuite rencontré John à plusieurs occasions et j'ai été très heureux quand il a repris contact avec nous pour envisager la réalisation d'un album avec la soprano et son orchestre national des Pays de la Loire. J'ai aussitôt répondu positivement et je suis comblé par le résultat, d'autant plus que les critiques sont très favorables et enthousiastes.

RM : Vous avez enregistré l'orchestre de Paris et l'orchestre national des Pays de la Loire. Est-ce que vous allez continuer cette collaboration avec des orchestres français ?

RK :   Nous sommes en train de discuter d'un nouvel enregistrement avec . Nous menons aussi des négociations avec un orchestre mais je dois rester très discret à ce stade de développement du projet.  Notre philosophie est  d'avoir des artistes pour chaque marché important afin d'y développer Ondine.

RM : Vous avez été primé du titre de label de l'année aux 2012. Qu'est-ce que ce prix représente  pour vous ?

RK : Je considère ce prix comme très important.  Il est gratifiant d'obtenir une reconnaissance pour l'ensemble de notre production et non seulement pour un seul enregistrement. Contrairement à l'activité de la pop music où seuls les albums à succès sont remarqués et le reste demeure dans l'ombre,  la musique classique nécessite un travail de longue haleine : à différents plans, sur durée et sur la qualité des projets développés. Le prix « label de l'année » m'indique que nous avons réussi sur ces points, c'est très important pour moi.

RM : Quelles sont les grandes étapes du développement de Ondine depuis 1985 ?

RK : Nous avons eu la chance de travailler avec le meilleur des artistes, chefs et orchestres finlandais qui jouissent d'une très haute estime internationale. Dans le même temps, nous avons également développé notre internationalisation avec la collaboration avec des grands partenaires tels que l'Orchestre de Paris, l'Orchestre de Philadelphie, Vladimir Ashkenazy, Christoph Eschenbach, Véronique Gens, Dmitri Hvorostrovsky, Christian Tetzlaff, pour n'en nommer que quelques-uns. Nous avons également été primés par de nombreuses récompenses internationales. Enfin, l'un des jalons importants a été de rejoindre le groupe Naxos, il y a trois ans.

RM : Les artistes finlandais ont acquis une reconnaissance internationale incroyable  depuis de nombreuses années. Comment expliquez-vous ce « miracle finlandais »?

RK : Il y a eu de nombreuses explications, souvent mystifiées, mais je pense que la clé a été la décision du gouvernement dans les années 60 d'investir beaucoup dans l'éducation musicale. Au mieux, dans ces moments, quelques 20% des enfants finlandais ont participé à un certain degré d'enseignement de la musique. Cela donne plus de chance aux talents pour se développer.

RM : Ondine est un label qui met l'accent sur les artistes finlandais et  la musique finlandaise. Comment le marché international répond-il à vos publications?

RK : Je tiens à souligner que notre catalogue avec des artistes internationaux et le répertoire contemporain est au moins aussi important que le finnois. Mais en effet, nous voulons toujours être le label qui présente le meilleur de la musique finlandaise. Nous combinons le meilleur de notre pays, les artistes internationaux et les compositeurs reconnus, afin de toucher le maximum de publics.

RM : Quel est le ratio entre le téléchargement et la vente de CD dans vos revenus ?

RK : Nos chiffres sont révélateurs de l'état du marché. Aux USA, le téléchargement représente 40% des ventes mais dans le reste du monde, il plafonne à 10%.

RM : En dépit de la crise du marché du disque, Ondine continue de publier des enregistrements de haute qualité. Est-ce aussi un effet du miracle finlandais?

RK : Nous sommes fixés sur un rythme de publication qui reste stable et nous allons continuer. Il s'agit simplement de contrôler les coûts et les modèles de production dans cette situation difficile. Heureusement, les orchestres et les artistes ont conscience des tensions dans cet environnement et ils ont fait preuve de souplesse dans la négociation de conditions plus favorables.

RM : Ondine fait partie du groupe de Naxos. Quels sont les avantages que vous obtenez de cette entreprise internationale?

RK : La propriété par Naxos est venue au bon moment. Notre ancien propriétaire n'était pas dans le business de la musique, il n'y avait pas de synergies entre eux et nous. Maintenant nous tirons profit des services et des prestations du groupe Naxos et de ses distributeurs affiliés. Leurs connaissances dans le marketing numérique et dans les ventes sont des atouts sans équivalence. Donc, je suis vraiment heureux de notre situation actuelle. Ondine poursuit son développement en tant que société indépendante en gardant un profil et une identité propres. L'association avec Naxos est un partenariat « gagnant-gagnant ».

RM : Comment voyez-vous l'avenir de la production d'enregistrements de musique classique?

RK : La conséquence de la crise est qu'il y aura moins de revenus pour les labels et les artistes. En même temps, le public veut encore entendre de nouveaux enregistrements par des artistes et des compositeurs de notre temps. Comme je l'ai mentionné ci-dessus, il s'agit de l'évolution et la restructuration des modèles de coûts, et je crois que l'industrie est habile et assez intelligente pour trouver des moyens de se développer. La situation sur le marché a été difficile pendant des années, mais il semble qu'il y ait de plus en plus de nouvelles parutions chaque année. J'ai toujours été  positif envers l'avenir et je voudrais croire que cela va continuer.

Crédit photographique : Reijo Kiilunen/Jean-Baptiste Millot

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