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Hänsel et Gretel : le spectacle de Noël

Quoi de plus simple, en apparence, que de proposer en période de fêtes le classique Hänsel et Gretel ? Alors qu'un peu partout à Paris, les spectacles proposés ne participent pas franchement à l'esprit de Noël, , dans la petite salle de l'Espace Cardin, offre une soirée féerique, capable de ravir petits et grands.

Sa mise en scène, bourrée d'intelligence, replace l'action de nos jours, dans une cité HLM puis une forêt mourante jonchée de détritus, sans jamais tomber dans le piège du Regietheater. Les décors, loin de tout sordide, sont gais, colorés, astucieux. Les enfants, de vrais gosses de l'air du temps, portent la casquette à l'envers, taguent et dansent le rap. La mère, vulgaire à souhait, arbore une mini-jupe et des collants résilles, tandis que le père a tout du maquereau. La sorcière – ténor – surgie d'une maison faite de paquets de bonbons de supermarché, nous gratifie d'un hilarant numéro de travesti. C'est bien vu, amusant, et tellement festif !

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, la réduction pour orchestre de chambre due à Takénori Némoto, également directeur musical, est un véritable régal de transparence et de finesse, et fait d'autant mieux ressortir les raffinements de l'orchestration. L'Ensemble Musica Nigelia est en outre une merveille d'équilibre.

Les chanteurs, tous élèves de l'Ecole Normale de Musique de Paris, sont véritablement époustouflants. Ils sont non seulement dotés d'une technique solide, mais jouent la comédie à ravir, alors que la direction d'acteur, précise et serrée, doit être bien difficile pour de si jeunes artistes. On retiendra le beau timbre chaud de Jennifer Whennen et de Vikrant Subramian, qu'on devrait vite entendre sur d'autres scènes, et l'investissement de Yolanda Fresedo et . Artavazd Sargsyan est une désopilante sorcière, un peu en retrait vocalement, tout comme Claire Lavri. Les enfants de la chantent aussi bien qu'ils dansent.

Cette soirée du 22 décembre proposait l'œuvre en allemand, tout comme celle du 29. Les deux autres sont dans une traduction française de Sébastien Joly, également chef de chant, avec une distribution entièrement francophone, elle aussi issue de l'Ecole Normale de Musique de Paris, excepté les deux conseillers artistiques de la Péniche Opéra, et . On aurait donné beaucoup pour l'entendre aussi, mais les impératifs du calendrier en ont décidé autrement…

Ce spectacle aurait dû être incontournable pour tous les Parisiens. Hélas, malgré une salle bourrée à craquer, bien trop peu l'auront vu…

Photo : crédit photographique

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