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Kotaro Fukuma à Paris

Ceux qui ont écouté son dernier disque, l'intégrale d'Iberia d'Albeniz, se souviendront sans aucun doute de la netteté de son interprétation. Cette qualité lui est tout à fait propre et n'échappera à aucune oreille.

Dans le programme intitulé « Le scintillement de l'eau », le jeune pianiste japonais tire pleinement parti de la sonorité perlée et très homogène d'un piano demi-queue Yamaha, surtout dans la première partie consacrée à Debussy. Extrêmement soucieux de la délicatesse de la musique du compositeur français, Fukuma n'étoffe ni n'attaque les sons. Sa maîtrise est admirable, surtout dans l'utilisation des pédales ; à aucun moment il n'inonde les notes dans ce flot permanent de résonnance provoqué par les cordes lâchées, ce qui permet de distinguer chaque phrase. Pour autant, cette qualité peut induire un petit défaut, précisément pour la même raison : lorsque, dans La Cathédrale engloutie, la musique prend tout son envol et révèle l'existence de la vieille cathédrale, son jeu sonne un peu sec.

Dans Chopin, c'est toujours la netteté qui domine, à laquelle s'ajoute une constance rythmique trahissant la méticulosité de l'interprète. Probablement en raison du caractère du piano, il est assez regrettable que l'on ne distingue pas, comme on voudrait les entendre, les variations d'atmosphère entre les différentes pièces ou parties. A titre d'exemple, en dépit de la préciosité extrêmement poétique de la partie lente, la texture sonore ne change pas pour autant dans les passages rapides de la Ballade, idem entre l'Andante spianato et la Grande Polonaise. Et s'il laissait un peu plus de temps, ne serait-ce que quelques secondes, entre certains morceaux (La Cathédrale engloutie et Jardins sous la pluie, ou Fantaisie Impromptu et la Valse), on aurait certainement pu apprécier davantage l'expression de sa sensibilité adaptée à chaque pièce.

En réponse à l'enthousiasme du public, qui a amplement salué son talent, il joue deux pièces en bis : la Première Novelette de Poulenc pour le 50e anniversaire de son décès, qu'il interprète avec élégance, et l'Etude en mi majeur (op. 10-3) de Chopin, très copieusement applaudis.

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