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Archipel à Genève : un festival très branché 

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Genève. Festival Archipel. Maison communale de Plainpalais. 17-III-2013

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Sous la houlette de son directeur général , la 21ème édition du Festival Archipel débutait par une journée « portes ouvertes » investissant l'espace de la Maison communale de Plainpalais à Genève: un concept nouveau pour un festival qui court cette année sur 5 jours seulement – restriction budgétaire oblige – et qui met au coeur de cette rencontre avec l'art sonore d'aujourd'hui, l'électricité. Archipel se donne en effet pour objectif d'embrasser tous les univers sonores qui font « passer le courant », dans l'idée de transversalité, de métissage des genres voire de concerts « salades » qui, comme dans le café-concert parisien des années 20, autorisent les mélanges et font sauter les frontières entre le savant et le populaire.

Des musiques dites commerciales aux oeuvres des compositeurs travaillant avec l'électricité, en passant par les « installations » et autres supports comme la danse et les arts plastiques, la programmation offrait autant d'événements qui rythmaient cette première journée aux allures de marathon – de 11h à 19h non stop – durant laquelle l'oeil était sollicité autant que l'oreille, à la faveur d'une organisation sans faille qui ménageait des temps de paroles avec les artistes.

Une première porte s'ouvrait sur « l'installation verte » de l'argentin Mario Lorenzo dont l'étonnant bac à compost au fond du « jardin » donne à entendre les émanations sonores d'une matière en fermentation. « Y a de l'électricité dans l'ère » également avec les luxueuses Félix's Machines du compositeur et plasticien anglais Félix Thorn. L »ingénierie méticuleuse et percussive – qui n'a d'égale que les fins mécanismes de l'horlogerie suisse! – prise en charge par le logiciel Max MSP s'anime ici en une féérie de sons, de lumières et de trajectoires dans l'espace très spectaculaire.

Sous le titre « Papier à musique », le vidéaste français Yan Proefrock présentait quant à lui, ses huit portraits-minute de compositeurs de notre temps (Dusapin, Pesson, Rihm, Lim, Neuwirth…). Elliptiques autant qu'attachantes, ces vidéos ciblent chez chacun une facette de son art et de sa personnalité, à la faveur d'un remarquable travail de réalisation.

Les spectacles en salle, qui se relayaient selon une trajectoire croisée, se regroupaient sous trois rubriques spécifiques et toujours très « branchées »: « la chaise électrique », d'abord, était occupée par le violoncelliste « cent mille volts » qui revenait par trois fois dans la grande salle du Théâtre Pitoëff. Cet artiste hors norme – il a déjà enregistré l'intégrale de la musique de Xenakis chez Aeon – donnait à l'écriture « monstrueuse » de Time & Motion Study II pour violoncelle et électronique de – qui prévoit un micro-gorge pour capter en temps réel les râles de l'interprète en transe – une dimension énergétique fulgurante. Si Psi pour violoncelle et technique informatique du compositeur norvégien Ruben Sverre Gjertsen se révèle moins puissante et efficace, Foris de , donnée en création suisse sous l'archet prodigieux du violoncelliste, s'impose par sa concision et la flamboyance d'un matériau sculpté dans l'espace par les moyens technologiques.

Autre rubrique, tout aussi tapageuse, « No satisfaction » – selon la mythique chanson des Rolling Stones – mettait en scène la batterie et le parc de percussions du groupe Eklekto (six percussionnistes sidérants) sous la direction artistique de : une musique à haut voltage, sans électricité cependant, où la qualité même des matériaux percutés – les métaux de CaDance for two de notamment – provoque la distorsion du son et la saturation. Emblème du métissage des mondes sonores, The Black Page – côtoyait le français Boris Clouteau – No Satisfaction – dans des partitions pour batterie et claviers où le contrepoint des temporalités instaure une complexité rythmique inouïe.

Des trois spectacles chorégraphiques – rubrique « Corps sous tension » – présentant de jeunes artistes suisses, The boiling point, chorégraphié et dansé par Lucie Eidenbenz sur la musique de Daniel Zea créait l'événement. Le titre fait référence aux bouilloires, placées sur la scène et reliées au logiciel MacMSP, dont la chaleur, la vapeur et l'ébullition modifient à mesure l'atmosphère. Dans une temporalité très étirée, en phase avec l'évolution lente du flux sonore, Lucie Eidenbenz, fascinante, évolue au sol selon des points d'ancrage et des postures d'une étonnante beauté dans une relation intime et puissante avec le son.

La journée s'achevait avec Electric Blue Kitchen de ; aux commandes de son ordinateur, il occupait la scène avec quatre musiciens de l' (clarinette basse, trombone, accordéon et alto) et la chanteuse . Dans cette pièce d'une heure environ, le compositeur – et interprète du son en temps réel – dresse une « playlist » d'une douzaine de titres – les morceaux favoris qui ont jalonné sa trajectoire de musicien dans l'univers du jazz (Miles Davis, ) du rock (Velvet Underground) des minimalistes américains…) qu'il arrange, orchestre, travestit et se réapproprie, quitte à s'éloigner parfois de l'original. Si la réalisation manque un rien d'audace, dans l'envergure sonore notamment, c'est la personnalité toute en facettes de , tour à tour diseuse (sur des poèmes de Jack Kerouac) et chanteuse tous azimuts, qui capte l'attention et donne au spectacle son rythme et ses couleurs.

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