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John Neschling à Liège : via Brazil

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Liège. Salle philharmonique. 18-IV-2013. Ottorino Respighi (1879-1936) : Impressions brésiliennes ; La Boutique fantasque, ballet sur des airs de Rossini ; Heitor Villa-Lobos (1887-1959) : Fantaisie pour saxophone soprano ; Darius Milhaud (1892-1974) : Scaramouche, suite pour saxophone et orchestre op. 165c. Simon Diricq, saxophone. Orchestre Philharmonique Royal de Liège, direction : John Neschling.

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Depuis 2010, le chef d'orchestre collabore ponctuellement avec l'. Lors de sa première rencontre avec les forces de l'OPRL, Mahler avait été mis à l'honneur, anniversaire oblige. En 2012, l'exercice consistait en une exploration de standards de Beethoven ou Tchaïkovski. Cette saison, cette collaboration s'élargit considérablement, puisqu'au delà d'une exécution de concert, elle fait l'objet d'un enregistrement pour le label BIS d'un programme aux couleurs familières pour un chef d'orchestre né à Rio de Janeiro, à savoir les Impressions brésiliennes d'. Quelle « impression » nous laisse cet aperçu du futur disque à paraître? De l'impatience principalement, puisque le travail de l'orchestre apparaît soigné et apte à traduire la largeur de la palette de couleurs de cet orchestrateur de génie qu'était Respighi. De la moiteur d'une nuit tropicale, avec évocations de lumières irisées (délicatesse du célesta et de la harpe) jusqu'aux glissements reptiliens de l'inquiétant Butantan incarnés par les bassons assistés d'une clarinette basse en verve, tous les « effets » descriptifs de la partition ont été traduits avec talent par les instrumentistes. Seule ombre au « dernier » tableau, le tempo résolument pesant retenu par le chef d'orchestre. Sous la contrainte d'une pareille bride, le malheureux oboïste, malgré tout son talent peine alors à inviter l'auditeur à la danse…

Après une réduction drastique d'effectifs entre en scène , saxophoniste belge lauréat d'un nombre conséquent de concours. Il est au service ce soir d'un autre Brésilien renommé: . Sa fantaisie pour saxophone soprano est résolument le moment fort de cette soirée. L' acoustique généreuse de la salle servant d'écrin à une sonorité ample et maitrisée dans les registres les plus extrêmes permet à d'aller chercher les plus beaux détails de ces trop courtes pages. Ici, la virtuosité n'éclabousse jamais l'auditeur de manière ostentatoire et c'est certainement là le premier talent du soliste: parvenir à laisser s'oublier la virtuosité-spectacle. Les notes glissent simplement sur du velours et l'on goûte alors aux qualités de ce dialogue efficace entre le saxophoniste et un orchestre discret mais complice.

Après de riches applaudissements, Simon Diriq entre une nouvelle fois en scène, mais cette fois, le saxophone ténor à la main. L'occasion pour nous de vivre de belles retrouvailles entre le Scaramouche de et l'OPRL qui l'avait enregistré en 2009 avec brio pour le label RCA. On éprouve un plaisir renouvelé à l'écoute du saxophone et à apprécier la qualité de l'atmosphère installée dans le second mouvement, tout en rondeur. Curieusement, à l'attaque du mouvement final, resserre à nouveau les brides de son orchestre et nous propose une Brazileira quelque peu ankylosée. C'est d'autant plus regrettable lorsque l'on a encore en mémoire les qualités de la prestation de l'OPRL sur l'enregistrement précité. En guise de bis, dépasse les frontières du Brésil et nous invite en Argentine pour quelques agréables minutes de Piazzolla.

En seconde partie de concert, nous étions heureux d'entendre la seconde pièce de Respighi qui bouclera le prochain disque de l'OPRL à sortir en 2014: la Boutique fantasque. Pour cette commande de Diaghilev, Respighi a puisé dans l'héritage de Rossini pour réaliser un ballet qui compte bien quelques perles, mais aussi quelques longueurs. Ici encore, l'orchestration de Respighi fait la part belle aux bois et percussions dont les lamellophones qui contribuent énormément à l'identité sonore de Respighi. Il est difficile de ne pas mentionner la jouissive Tarentelle qui nous rappelle inévitablement les frasques de De Funès dans le Corniaud de Gérard Oury… Mais au delà de cette danse endiablée, l'OPRL sait également donner vie à d'autres tableaux très réussis comme la mystérieuse Valse lente, ou encore un pétillant Galop. La précision des bois fait mouche dans ces pages d'une apparente simplicité mais techniquement redoutables pour les exécutants. On regrettera simplement par instant la baguette de Neschling un peu lourde au niveau des dynamiques. Il nous a également semblé que sur l'ensemble du ballet, la musique a manqué de quelques « respirations ». Certaines pages auraient ainsi largement gagné à traduire davantage une atmosphère chambriste. a par contre habilement travaillé la pâte orchestrale, rassemblant chaque individualité de l'orchestre pour dévoiler un très large ensemble. Il permet ainsi à l'oreille d'apprécier une quantité appréciable d'informations, plutôt que de mettre en évidence à tout prix une mélodie ou un motif particulier. Espérons que la prise de son réalisée par BIS restituera habilement cette esthétique!

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