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Recréation des Mystères d’Isis, pastiche de la Flûte Enchantée

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Paris. Salle Pleyel. 23-XI-2013. Ludwig Wenzel Lachnith (1746-1820) : Les Mystères d’Isis, d’après La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret d’Etienne Morel de Chédeville. Version de concert. Avec : Chantal Santon Jeffery, Pamina ; Marie Lenormand, Mona ; Renata Pokupic, Myrènne ; Sébastien Droy, Isménor ; Tassis Christoyannis, Bochoris ; Jean Teitgen, Zarastro ; Camille Poul, 1ère Dame, Suivante ; Jennifer Borghi, 2e Dame, Suivante ; Elodie Méchain, 3e Dame, Suivante ; Mathias Vidal, 1er Prêtre, 1er Ministre ; Marc Labonnette, le Gardien, 2e Prêtre, 2e Ministre. Chœur de la Radio Flamande ; Le Concert Spirituel, direction : Diego Fasolis.

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Sous l'impulsion de structures tel le , Centre de Musique Romantique Français, des ouvrages oubliés, souvent à juste titre selon nous, refont surface et occupent le devant de l'actualité pendant quelques temps avant d'être remplacés par d'autres.

diego_fasolis présentait dans ce contexte la recréation de l'œuvre qui fit connaître au public français La Flûte enchantée de Mozart. En 1801 sont en effet créés à l'Opéra de Paris (à l'époque Théâtre de la République et des Arts), Les Mystères d'Isis, d'un certain , praguois installé en France né dix ans avant Mozart et qui mourra une trentaine d'années après. Il ne s'agit pas de la version française de La Flûte enchantée mais plutôt d'un pasticcio d'après des extraits du Singspiel de Mozart, qui recycle aussi des passages provenant de Don Giovanni, de La Clémence de Titus ou des Noces de Figaro (souvent modifiés), mais inclut également des nouvelles musiques, le tout sur un livret d'Etienne Morel de Chédeville. Si ce dernier conserve les grandes lignes de l'argument de Schikaneder, les personnages sont renommés, excepté Pamina et Sarastro, et d'autres disparaissent tels les trois jeunes garçons qui conseillent Tamino (ici Isménor). La Reine de la Nuit devient par exemple Myrrène, mezzo et chante des airs tirés de Don Giovanni (« Or sai chi l'onore » de Donna Anna, transposé) et de La Clémence de Titus (« Non più di fiori » de Vitellia), un trio Pamina/Bochoris (Papageno)/Mona (Papagena) provient d'un air de Don Giovanni, et tout est à l'avenant !

Cette œuvre hybride connaît un certain succès à Paris pendant des années (128 représentations entre 1801 et 1827), et même si elle fait l'objet de certaines critiques au XIXe siècle, la plus célèbre venant d'Hector Berlioz, puriste avant l'heure, elle contribua à l'engouement français pour les œuvres lyriques de Mozart. C'est finalement en 1865 qu'est créé à Paris, toujours en français, La Flûte enchantée, qui éclipsa (quasiment) définitivement Lachnith.

La recréation de ces Mystères d'Isis en 2013 devait se faire initialement sous la direction d'Hervé Niquet, avec notamment Sandrine Piau. Mais après des changements de distribution et le retrait de dernière minute pour raisons médicales de la soprano et du chef, c'est finalement , qui a reprit le flambeau de cette production avec la jeune dans le rôle de Pamina. Un grand mérite peut être attribué d'office au chef qu'on connaît pourtant plus dans le répertoire baroque italien. Il s'empare de la partition avec énergie et donne beaucoup de relief à cette œuvre curieuse, aidé en cela par un Concert Spirituel investi (mais pas toujours très en place dans les vents). Le plateau réuni ne démérite pas, en particulier le lyrisme de , ou la Première Dame de , mais on peine à être pleinement convaincu par des voix manquant de personnalité et trop souvent le nez dans la partition. On a par ailleurs un peu de mal à saisir l'esprit de l'œuvre, naviguant entre emprunts, arrangements, ajouts, qui la tire davantage vers le style du grand opéra français naissant et lui hôte notamment sa dimension merveilleuse.

Une initiative louable, originale, amusante d'un certain point de vue, mais qui somme toute reste anecdotique.

Crédit photographique : © DR

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Paris. Salle Pleyel. 23-XI-2013. Ludwig Wenzel Lachnith (1746-1820) : Les Mystères d’Isis, d’après La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret d’Etienne Morel de Chédeville. Version de concert. Avec : Chantal Santon Jeffery, Pamina ; Marie Lenormand, Mona ; Renata Pokupic, Myrènne ; Sébastien Droy, Isménor ; Tassis Christoyannis, Bochoris ; Jean Teitgen, Zarastro ; Camille Poul, 1ère Dame, Suivante ; Jennifer Borghi, 2e Dame, Suivante ; Elodie Méchain, 3e Dame, Suivante ; Mathias Vidal, 1er Prêtre, 1er Ministre ; Marc Labonnette, le Gardien, 2e Prêtre, 2e Ministre. Chœur de la Radio Flamande ; Le Concert Spirituel, direction : Diego Fasolis.

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