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Maître-disque de Dukas par Laurent Wagschal

Le nom de éveille essentiellement chez le mélomane une symphonie (en ut majeur), un poème symphonique illustré par Disney (L'Apprenti sorcier), une musique de ballet (La Péri et sa célèbre Fanfare) et un opéra (Ariane et Barbe-Bleue).

On oublie que son modeste catalogue propose également une poignée d'œuvres pour le piano. Après les prouesses amplement soulignées de Tor Espen Aspoas (Simax), cette chronique n'hésite pas à attribuer toute notre attention et tous nos éloges à un artiste convaincant nommé , spécialisé dans le répertoire français début XXe (Maurice Emmanuel, Gabriel Pierné, Gabriel Fauré).

Né à Lyon en 1972, c'est à Paris que le pianiste reçoit l'enseignement d'Yvonne Loriot, Michel Béroff, Christian Ivaldi, entre autres. Détenteur de nombreuses distinctions et divers prix, il se produit dans les salles les plus prestigieuses de France et à l'étranger. Sans aucunement rejeter « les compositeurs-pianistes comme Chopin, Schumann et Rachmaninov », il confie qu'il aime sortir des sentiers battus avec Florent Schmitt, Magnard, Pierné, Szymanowski ou Janáček par exemple.

Son intervention  en faveur de nous propulse au sein d'un univers à la fois fascinant et hautement individuel. On en prend conscience sans détour à l'écoute de la monumentale Sonate en mi bémol mineur (41  minutes) élaborée au cours de l'année 1900, dédiée à Camille Saint-Saëns et créée sous les doigts du fameux Edouard Risler le 10 mai 1901. Publics, musiciens et critiques l'encensèrent quasi unanimement, certains en accord parfait avec ce propos de Maurice Emmanuel : « En réduisant sa pensée aux limites du clavier, qui s'était affirmé comme un conquérant de l'orchestre, ne l'a point rétréci et il a fait la preuve… que ce clavier est apte à l'expression, à l'expansion lyriques. »

On ne trouve pas de réponse satisfaisante à la discrétion posthume de cette musique virtuose, poétique et luxueusement habillée. Un thème de Rameau et un opus inspiré du nom de Haydn complètent ce maigre catalogue cependant riche d'une inspiration admirable. Le premier conduit à Variations, Interlude et Finale (1902). Créée à la SNM par Risler, l'œuvre apparemment d'une grande simplicité donne lieu à de saisissants développements. Le second, Prélude élégiaque (1909) s'impose par son équilibre et son inventivité, sa délicatesse et sa force et surtout par cette conception précieuse si bien servie par .

Un maître-disque  à découvrir sans hésitation.

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