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Viva la Mamma à Metz

Viva la Mamma, ou Le convenienze ed inconvenienze teatrali, fait partie de ces ouvrages dits « méta-opératiques », qui mettent en scène la vie des coulisses du théâtre et toutes les circonstances pouvant compromettre le bon déroulement, voire la réalisation, d'un spectacle lyrique en préparation.

Dans le genre, on pourra également citer parmi les fleurons d'une longue liste Der Schauspieldirektor de Mozart, Prima la musica e poi le parole de Salieri, L'opera seria de Gassman ou encore, bien évidemment, Ariadne auf Naxos de Richard Strauss.

En dépit de sa bonne tenue musicale, délibérément – et pour notre plus grand plaisir – « rossinisante », l'ouvrage de Donizetti n'est certes pas le plus subtil de tous les opéras mentionnés ci-dessus. Privilégiant l'aspect buffo sur tous les autres, il omet surtout de rendre attachants les personnages qui le constituent, ces derniers se voyant généralement réduits à un stéréotype peu recommandable : la prima donna égocentrique et antipathique, le compositeur irascible, le ténor imbu de lui-même, l'imprésario cupide, etc. Rien, ou presque, ne vient sauver ou défendre des personnages irrémédiablement condamnés dès leur première apparition sur scène.

La mise en scène de accentue cet aspect unidimensionnel, et elle ne dépasse que très rarement le stade du gag destiné à augmenter l'impact de la farce. Tels ces éclairagistes s'affairant autour d'une ampoule au moment où Daria Scortichini essaie tant que mal de briller dans le « Bel raggio lusinhier » de la Semiramide de Rossini. Mais dans certains cas le burlesque reprend ses droits, comme par exemple au moment de l'inénarrable air du saule de l'Otello de Rossini – transformé en l'occurrence en air du sac… – chanté par la non moins inénarrable Agata. C'est d'ailleurs dans la conception de ce personnage plus vrai que nature que parvient à insuffler quelques accents touchants, transformant ce monument de vanité et de monstruosité en un petit bijou d'humour et d'humanité. Il est vrai qu'il est aidé en cela par le baryton , étonnamment à l'aise dans ce portrait d'un rôle drag particulièrement haut en couleurs. Il s'agit également, et de loin, du meilleur chanteur du plateau.

A cet égard, la production messine est plutôt mal servie, les chanteurs réunis sur le plateau étant dans l'ensemble d'un niveau médiocre. C'est dommage, car cela nuit considérablement à l'impact de la parodie. On pourra exclure de ce triste constat la soprano et le baryton Gabriela Nani, assez bien chantants en Daria et en Procolo. Une mention également pour la mezzo Marion Lebègue, gratifiée en début de deuxième partie d'un air de La clemenza di Tito de Mozart, fournissant au public ce qui sans doute constitua le seul moment de véritable émotion musicale de la soirée. A la tête de l', le chef sait insuffler toute la rigueur nécessaire pour maîtriser les redoutables ensembles, mais certes pas le vent de folie nécessaire à l'esprit de la parodie. Une soirée plutôt décevante, donc, qui a néanmoins le mérite d'enrichir une belle saison d'une note résolument humoristique.

Crédit photographique : Viva la Mamma © Williams Bonbon – Metz Métropole

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