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Kristjan Järvi, l’homme-orchestre à Verbier

Pour ce concert, le chef d'orchestre avait concocté un programme anticonformiste qui lui ressemble.  En ouverture, le musicien proposait la Création du monde de , pièce baignée par le jazz, domaine cher au chef d'orchestre. Dès les premières notes, le swing est naturel et le charisme du chef se transmet aux musiciens visiblement ravis de jouer cette musique.

Remplaçant Thomas Hampson, le baryton affrontait l'un des cycles de lieder de Mahler. En dépit de sa renommée acquise dans la pratique du lied allemand, le chanteur déçoit : si le timbre a du caractère, la projection et la prononciation laissent à désirer. Mais le plus décevant réside dans un sur-jeu des mots plus expressionniste que naturel.

Changement de registre avec le Divertimento de , pastiche d'après des pièces de clavecin du compositeur français . Loin des grosses machines symphoniques auxquelles il est associé, Strauss se fait ici orfèvre du style et des formes. La tâche est redoutable pour le chef qui doit  transcender ces mélodies fines et cette orchestration qui peut sonner avec épaisseur. s'avère exceptionnel dans sa capacité à  faire sonner cette succession de pièces avec vigueur et fraîcheur.  La prestation du est encore exemplaire. Soumis à rude épreuve par Strauss, les pupitres de vents et de cuivres se plaisent à faire virevolter les mélodies avec une grâce presque irréelle, entraînés dans une transe orchestrale par un chef qui porte ce Divertimento au rang de chef d'œuvre universel. Le public est ravi, d'autant plus que le chef lui a concocté une petite surprise : l'ouverture de la Water Music de Haendel, revisitée et jazzifiée par le compositeur suisse .

Au long de ce concert, on admire l'énergie et le charisme de , tout comme sa flexibilité stylistique. Ce musicien généreux, sans frontières et sans œillères, est l'archétype même de l'artiste du XXIe siècle.

Crédits photographiques : Aline Paley/Verbier Festival

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