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A Verbier, le récital superlatif de Pretty Yende

A vingt neuf ans, est une véritable découverte. Certes la photo de l'artiste au programme était attirante. Tout comme la présentation de cette soprano sud-africaine. Pourtant peu parmi l'auditoire pouvaient se vanter de connaître cette jeune cantatrice. Le choc émotionnel fut au-delà de ce qu'on attendait de cette totale inconnue… sous nos latitudes.

Dès son entrée, le sourire éclatant de enchante. Et la conquête de l'audience s'annonce définitive dès que résonnent les premiers accents de sa voix. Une voix riche aux timbres étonnants. Des aigus saillants capables de s'effacer dans de très beaux pianissimo. Des graves larges et profonds bien charpentés.

Un premier air de Rossini laisse transparaître chez la soprano un infime désir de contrôler sa voix. Avec un soin tout particulier dans la projection, caresse son instrument vocal comme si elle craignait de mal faire. Et pourtant, quand elle termine son air sur un magnifique et ample aigu, l'ovation qui s'élève la libère totalement des craintes légitimes qu'elle pouvait avoir. La glace est rompue. De là, elle va dérouler ses mélodies plus belles les unes que les autres.

Dans « L'amor funesto », une triste cantilène de Donizetti, la soprano touche à l'émotion à travers d'une interprétation sensible. Dans ce poème de désespoir et de mort, la voix s'élargit donnant à son chant une chaleur bienfaisante. Passés ces quelques premiers airs, Pretty Yende envoie un discret clin d'œil à son pianiste accompagnateur. Un message entendu et complice qui semble dire : « Allons-y ! » Alors, dans la villanelle « J'ai vu passer l'hirondelle » d', la soprano s'attaque à une série de vocalises virtuoses. Chantées a capella, prenant tous les risques, la jeune femme s'envole prise elle-même dans le tourbillon de l'évidence de son instrument vocal. Et quelle sensibilité affirmée dans son interprétation du célèbre « Les chemins de l'Amour » de !

En seconde partie de son récital, Pretty Yende offre quelques mélodies tirées d'opérettes du compositeur américain . D'emblée, langue maternelle obligeant, on sent chez la cantatrice une plus grande aisance que dans les airs et mélodies italiens et français de la première partie. Ici, si la voix reste magnifiquement conduite, la diction est parfaite. On ne manque pas un mot. Il en est de même des airs de la zarzuela La Tempranica de dont la « La tarántula » lui permet de démontrer son agilité saluée par une ovation délirante du public.

Un récital superlatif dont l'accompagnement pianistique de n'est certainement pas étranger au succès de ce concert. Musicien accompli, sensible, se fondant immédiatement à l'esprit et à la note de la soprano qu'il accompagne, son toucher fait merveille.

Au terme de ce récital superlatif, en bis, Pretty Yende offre un superbe « O mio babbino caro » de Puccini empreint d'une tendresse extrême qui, débordant la chanteuse elle-même, termine cet air visiblement émue. Terminant avec un brillant « Il bacio » de Luigi Arditi (1822-1903), Pretty Yende laisse une très forte impression d'évidence du chant et de technique accomplie.

Crédit photographique : Pretty Yende © Aline Paley

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