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Philippe Jordan à Salzbourg, un Bruckner solide et très sage

Parmi les symphonies d' que l' avait créées et qu'il a placé au programme de ses concerts salzbourgeois pour cet été, la Deuxième n'est ni la plus populaire, ni la plus souvent interprétée de nos jours ; il n'est pas surprenant qu'elle ait été confiée à un chef de notoriété relativement secondaire, à qui l'orchestre peut confier un concert salzbourgeois mais pas (encore) un concert d'abonnement à Vienne même.

ne fait pas partie des chefs qui entendent ancrer Bruckner dans une supposée tradition germanique faite de solennité austères et de sonorités sombres. L'approche est allante, sans effets appuyés mais sans temps mort, et les discontinuités du premier mouvement sont ici toujours chargées de sens. Comme souvent avec Jordan, la mise en place orchestrale est d'une impressionnante perfection qui ne tient pas qu'au niveau naturellement remarquable de l'orchestre ; ce qui manque ici, cependant, c'est une vision personnelle de l'œuvre, une implication, une prise de risque. On est loin de l'insupportable mollesse d'une grande partie de son Ring parisien, mais la solidité technique et le sérieux ne suffisent pas à faire un grand chef.

Le choix de compléter le concert par le Te Deum pourrait sembler conforter le cliché de Bruckner comme compositeur toujours intimement religieux, mais c'est en réalité l'inverse : comme le rappelle avec pertinence le programme, rien n'indique que Bruckner ait jamais voulu intégrer une dimension sacrée au genre symphonique, alors que le Te Deum, lui, ne manque pas d'inflexions profanes, en quelque sorte à la manière du Requiem de Verdi. Le chœur de l'Opéra de Vienne s'en donne à cœur joie, au risque de saturer le son dans une salle pourtant faite à toutes les démesures ; un quatuor de solistes inégal, dominé de loin par et , apporte les quelques moments de poésie dans cette œuvre hors normes.

Crédits photographiques : ©Salzburger Festspiele / Silvia Lelli

 

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