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Un Barbier haut en couleurs

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Paris. Opéra Bastille. 25-IX-2014. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia, opera buffa en 2 actes sur un livret de Cesare Sterbini d’après la comédie de P.A. Caron de Beaumarchais. Mise en scène Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Sylvia Aymonino. Lumières : Fabio Barettin. Avec : René Barbera, le conte d’Almaviva ; Carlo Lepore, Bartolo ; Karine Deshayes, Rosina ; Dalibor Jenis, Figaro ; Orlin Anastassov, Basilio ; Tiago Matos, Fiorello ; Cornelia Oncioiu, Berta ; Lucio Prete, Un Ufficiale. Chœurs de l’Opéra National de Paris (direction : José Luis Basso), Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Carlo Montanaro.

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A l'Opéra Bastille, un Barbier grand public qui distrait mais sans combler.

déplace l'action dans une Séville populaire et haute en couleurs. Un spectacle bon enfant mais un théâtre davantage visuel que strictement vocaliste.

En 2012 déjà, l'esprit movida faisait souffler à Bastille un vent de folie sur Carmen revue et corrigée par Yves Beaunesne. Deux ans plus tard, c'est au tour du Barbier de Séville version de goûter à l'esthétique Almodovar. On navigue ici à mi-chemin entre les vignettes des fumetti et les romans de gare. C'est un peu de l'indicible laideur d'une société de consommation où le bar à tapas fait office de salon littéraire et le négligé des toilettes élevant le vulgaire en poésie populaire et nostalgique. Le décor de figure une façade d'immeuble montant jusqu'aux cintres et resserrant l'action sur le proscenium, avantage non négligeable pour les chanteurs… Le réalisme et la précision des détails est d'une crudité sans limites ; on pourrait distinguer jusqu'aux textes des images pieuses dans la loge du gardien ou lire les étiquettes des dossiers qui encombrent le bureau de Bartolo. Cet afflux d'éléments est contredit par la façon dont le décor se mue en dispositif, au moment où la façade pivote et laisse voir l'intérieur des appartements. L'idée ne serait pas mauvaise si cette rotation perpétuelle ne finissait pas par lasser, obligeant les chanteurs à gravir et redescendre des escaliers comme des hamsters dans une cage. La mécanique délirante des accelerando rossiniens peine souvent à trouver ses marques entre un espace scénique à la fois contraint et en opposition avec l'immensité de la salle.

Cette « folle journée » offre quelques réussites, comme l'hilarante leçon de chant avec violoncelle obligé ou bien cette pluie de journaux accompagnant l'air de la calomnie. On rira de bon cœur aux coups de théâtre téléphonés,  en prenant soin de fermer les yeux sur le vrai-faux suspens d'une intrigue aux ressorts bien rodés qui rend hommage à la Commedia dell'arte.

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Fantaisies espagnoles

Le plateau vocal n'a pas le soin rigoureux qui ferait apprécier le chant sans les trucages d'acteurs et une certaine manière, pour certains protagonistes, de brasser de l'air pour marquer les esprits. Hors-concours, la basse campe un Basilio très peu italien mais sans reproche, tandis que en Bartolo est le seul à parvenir à l'équilibre entre l'incarnation du jeu et les moyens vocaux. chantait Rosina dans la production tout terrain de Coline Serreau ; on retrouve ici une belle palette technique et des couleurs un rien affadies par la projection à la densité volatile. Ni l'Almaviva aléatoire et débraillé de René Barbera, ni le Figaro latin lover et appuyé de ne soulèvent l'enthousiasme.

A la tête d'un orchestre qui sait son Rossini et se montre capable de toutes les subtilités, Carlo Montamaro ne se montre pas toujours inspiré et confine dans la simple mise en place ce qui mériterait de jaillir hors du cadre.

Crédit photographique : © Bernard Coutant / Opéra national de Paris

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Paris. Opéra Bastille. 25-IX-2014. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Il Barbiere di Siviglia, opera buffa en 2 actes sur un livret de Cesare Sterbini d’après la comédie de P.A. Caron de Beaumarchais. Mise en scène Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Sylvia Aymonino. Lumières : Fabio Barettin. Avec : René Barbera, le conte d’Almaviva ; Carlo Lepore, Bartolo ; Karine Deshayes, Rosina ; Dalibor Jenis, Figaro ; Orlin Anastassov, Basilio ; Tiago Matos, Fiorello ; Cornelia Oncioiu, Berta ; Lucio Prete, Un Ufficiale. Chœurs de l’Opéra National de Paris (direction : José Luis Basso), Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Carlo Montanaro.

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