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Polyphonies spatialisées de la Renaissance à aujourd’hui

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Ambronay. Abbatiale.28-IX-2014. Desprez. Ockeghem. Gabrieli. Hassler. Tallis. Mendelssohn. Hillborg. Dumont. Les Cris de Paris, direction : Geoffroy Jourdain.

 
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image001 à la 35ème édition du Festival d'Ambronay.

La musique en espace…

Pourquoi certains compositeurs, au fil du temps, ont-ils écrit des pièces, parfois gigantesques, pour un grand nombre de voix, de chœurs, d'instruments ? Les raisons en sont diverses et variées. Souvent, il s'agissait de montrer la puissance du monarque, du prince, de l'évêque mais aussi le talent extrême du compositeur. Venise en est un bel exemple. Le lieu pouvait aussi inciter à composer de telles pièces. Le Dôm de Salzbourg et ses quatre tribunes avec orgue ont conduit les maîtres de chapelle de la cathédrale vers des œuvres à quatre chœurs. On sait le défi lancé à Tallis après le passage de Striggio à Londres. Défi relevé avec brio et talent pour donner ce Spem in alium qui a traversé les siècles. De Tolède à Bologne, bien d'autres lieux ont inspirés les musiciens de leur temps… jusqu'à nos jours. C'était là l'esprit du programme proposé par et ses Cris de Paris.

Dans l'espace d'Ambronay

C'est l'Hora est de Mendelssohn qui ouvre le concert. La puissance des voix des d'hommes reste dans le chœur. Pas de spatialisation mais des sons étranges meublent les (petits) déplacements. Curieux.

image002L'acoustique de l'abbatiale et les énormes piliers derrière lesquels les chanteurs se tiennent ne permettent pas au motet Qui habitat de Desprez de prendre son envol.

La pièce minimaliste Mouyayoum d'Anders Hillborg convient mieux au lieu. Les sons sur des voyelles installent une ambiance cosmique. Les chanteurs sont (heureusement) aidés par la retransmission de la battue du chef sur des écrans. Les diapasons sont aussi de sortie !

L'Exaudi me Domine  à seize voixde Gabrieli est spatialisé par le chef avec des chanteurs près du portail d'entrée de l'abbatiale. C'est mieux mais si la solennité vénitienne n'est pas là, la plainte, oui, est là !

Enfin, avec une excellent répartition des chœurs, la musique enveloppe le public avec le Duo seraphim de Hassler.

Voici la clé, le test du concert : le Spem in alium de Thomas Tallis. Chacun des spectateurs l'a dans l'oreille. Chacun a sa référence, souvent anglaise… Si les voix des sopranos sortent bien, il n'y a pas assez de balancement et d'accents sur nombre de mesures. Ici point de folie, d'envol vers les cieux.

La pièce d'Aurélien Dumont Tempus fugit, toucher d'ombre, qui est une commande de l'Ensemble, sonne bien comme des cloches, marque le temps qui passe mais, au final, ne laisse pas d'émotion.

C'est la pièce finale du concert, le Deo gratias à 36 voix d'Ockeghem, qui marquera ce concert. La bonne spatialisation des choristes, la dynamique des voix de femmes et, surtout, le déplacement des chanteurs au fil de la musique jusqu'à leur sortie de l'abbatiale vers le cloître laissent le public sur une dernière bonne impression.

Cela s'est senti à travers les chaleureux applaudissements des spectateurs qui ont été surpris voire saisis par ces musiques spatialisées, ô combien difficiles à chanter.

C'est bien là le principal. On regrettera cependant que le côté planant de ces musiques sacrées n'ait pas été suffisamment mis en valeur. On aurait aimé être transporté… plus haut.

Photos : © Bertrand Pichène

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