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Jour de colère, une affaire d’amour et de sorcellerie

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Jean-Luc Caron, musicologue spécialisé dans l’étude et la diffusion de la musique nord-européenne, entraîne depuis quelques années les lecteurs de Resmusica dans une ballade étonnante en pays scandinaves. Pour accéder au dossier complet : Brèves scandinaves

 
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Dies_irae-dreyerJour de colère, film de Carl Dreyer de 1943 sur une affaire danoise d'amour et de sorcellerie, est un fleuron du 7ème art dont la musique signée par  (1889-1949) mérite qu'on s'y intéresse.

Après avoir assisté en 1925 à une représentation de la pièce de Wiers-Jenssen, Anne Pedersdotter, le cinéaste danois Carl Theodor Dreyer (1889-1968), imagina pouvoir en faire un film. Et de fait, en 1943, en pleine occupation allemande, se concrétisa ce projet qui allait donner naissance à l'un des fleurons du 7e Art. Il attribua à son film le titre de Jour de colère (Vredens Dag), également connu sous le titre latin de Dies irae (section la plus dramatique de la lithurgie chrétienne des morts, le requiem). L'histoire se déroule en 1623, dans un village danois où le pasteur Absalon vit avec sa mère, Merete et sa seconde femme, la jeune et passive Anne, qu'il a recueillie. Lorsque apparaît Martin, fils d'un premier lit du pasteur et de Marte Herlefs, bientôt accusée de sorcellerie, l'amour surgit entre les deux jeunes gens.

Cette histoire dramatique et surtout l'art cinématographique de Dreyer, sa lenteur calculée, sa savante mise en tension, son austérité assumée, sa dénonciation de l'intolérance et de la répression, sa pureté esthétique, sa lecture de l'intériorité, son dépouillement… ont propulsé Jour de colère vers la célébrité mondiale.

Mais comme souvent, la musique et plus encore son auteur, ne connurent pas la gloire. Et pourtant, , un élève doué de (1865-1931), était un excellent compositeur, aussi bien pour l'orchestre que pour la voix. Il bénéficia cependant d'une renommée très correcte de son vivant avant de rétrograder pour longtemps dans l'anonymat. Henri Colpi dans Défense et illustration de la musique dans le film (1963) tente de rétablir la vérité : « La musique sobre et savante était nettement distribuée sur deux plans, pesante pour les séquences dramatiques de cette histoire d'une fausse sorcière finalement elle-même persuadée de son maléfique pouvoir, sentimentale et mélodique, avec un très beau thème, pour les scènes paisibles et idylliques. »

Brillant architecte et coloriste orchestral de nature postromantique (La Flûte chinoise ; Reine Dagmar ; Fêtes galantes ; La Nuit…) n'atteindra jamais les audaces de son maître Nielsen. Toutefois, il demeure légèrement en deça de son art dans sa partiton destinée à Jour de colère, confiné à un rôle discret et en demi-teinte d'accompagnement et d'illustration sans doute imposé par Carl Dreyer.

 

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