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Au pays où se fait la guerre

Un bien beau concert, dont l'intelligence et le raffinement aura marqué la sensibilité d'un public subjugué, quoiqu'étonnamment clairsemé.

À l'instar de l'ensemble des concerts du festival « Je t'aime… Ich auch nicht », dont l'automne 2014 a proposé au public messin la sixième édition, le récital d' et du brille tout d'abord pour la cohérence et par l'intelligence de son programme. Consacré, en ces temps de commémoration, à la thématique de la guerre, il se divise en quatre parties consacrées respectivement au « Départ », au « Front », à la « Mort » puis au « Paradis ». Les morceaux musicaux retenus ont l'avantage de faire alterner des airs connus et moins connus, ainsi que des pièces vocales et instrumentales. Ces dernières permettent de démarrer chaque partie, puis enfin de conclure le concert, dans le recueillement le plus parfait, avec le sublime andante du quatuor avec piano de . La sélection permet de faire se côtoyer l'humour, l'élégie et le pathos. Si l'on pouvait craindre la cohabitation des extraits d'Offenbach avec Fauré, Duparc et Debussy, la classe et l'esprit des interprètes étaient tels qu'aucune incongruité particulière n'était à déplorer, les différentes pièces du programme s'enchaînant avec logique et pertinence.

L'interprétation des artistes se situe au meilleur niveau. On soulignera tout d'abord, pour les mélodies et les extraits d'opérettes, la qualité des transcriptions d'. Le pari de passer de l'orchestre ou du piano seul vers un accompagnement pour quatuor avec piano n'était pas gagné d'avance, et chacun des quatre instrumentistes aura tenu dignement son rang. La mezzo confirme une fois encore tous les espoirs placés en elle. Son instrument aux couleurs joliment cuivrées a gagné en puissance ces dernières années, ce qui ne l'empêche pas de donner dans la finesse et la nuance absolument indispensables pour ce répertoire. La diction française, sans quoi un tel programme n'est rien, reste tout à fait exemplaire. Si l'aisance de l'artiste dans l'univers d'Offenbach nous fait espérer de belles prises de rôle pour l'avenir, peut-être lui manque-t-il ce délicieux raffinement typiquement français qui convient tellement bien à certaines de ces pièces de salon. L'Heure exquise de Hahn donnée en bis paraîtrait presque prosaïque, mais sans doute était-ce le but recherché que de dépouiller ces mélodies de la préciosité que certains interprètes ont souhaité privilégier à une époque désormais révolue.

Crédit photographique : © Némo Perier Stefanovitch

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