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Barbe Bleue d’Offenbach à Nantes, très réjouissante

Rien de tel pour célébrer les fêtes de fin d'année qu'un opéra bouffe d'Offenbach. Alors que le marché de Noël bat son plein place Royale, le Théâtre Graslin nous offre Noël avant l'heure avec cette production de Barbe-Bleue particulièrement réjouissante.

Créé au théâtre des Variétés en février 1866, Barbe-Bleue prend place dans le catalogue des œuvres d'Offenbach entre La Belle Hélène et La Vie parisienne. Signé par les mêmes librettistes, les futurs académiciens Meilhac et Halévy, l'ouvrage n'a pas à rougir devant ces deux opéras bouffe ancrés au répertoire dont il partage la veine mélodique et la fantaisie ravageuse. Les dialogues ont été actualisés par et par Friedericke Schulz qui a réglé avec minutie cette reprise ; les références contemporaines y sont nombreuses. Un narrateur, campé par Gordon Wilson, intervient avec humour pour expliciter le conte et parfois en hâter l'exécution. Au cœur d'un habile décor spirituellement déstructuré, la mise en scène fourmille de joyeuses trouvailles et bénéficie d'une direction d'acteurs et de chorégraphies inspirées, et l'on succombe sans réticence à cette avalanche de bons mots, de gags visuels et de mélodies grisantes.

Pour réussir un tel ouvrage, il faut disposer d'une équipe de chanteurs / acteurs impliquée et homogène, ce qui est parfaitement le cas ici même si le couple central se distingue particulièrement. est simplement parfait en Barbe-Bleue tandis que , la petite genevoise qui monte, nous séduit autant par son irrésistible abattage scénique que par son assurance vocale  dans un rôle écrit à la mesure d'. La jolie silhouette et le timbre fruité de font également merveille en Hermia. Exemplaires encore, le prince Saphir de et le Popolani sonore de . Quant à , il fait oublier par son aisance scénique un format vocal plus modeste.

participe à la fête avec un épatant numéro de fêtard aviné pendant le précipité au troisième acte, déclenchant l'hilarité du public. Il n'en oublie pas pour autant ses devoirs et mène la représentation avec une justesse rythmique impeccable.

L'orchestre  se montre en grande forme, avec mention pour le hautboïste Alexandre Mege, au contraire d'un chœur masculin que nous avons connu plus ordonné. A l'écoute des rires qui ont accompagné la représentation et de la chaleur du public aux saluts, on ne peut s'empêcher de penser qu'un tel spectacle, mieux qu'un antidépresseur, devrait être remboursé par la Sécurité sociale.

Crédit photographique : (Boulotte) (Oscar) © Jef Rabillon

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