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Coffret d’enregistrements légendaires Deutsche Grammophon

Cette belle publication du label Deutsche Grammophon sera très certainement de nature à satisfaire non seulement le discophile débutant, mais comblera également le mélomane d'un certain âge quelque peu nostalgique.

En effet, parmi les quelques 250 CDs de la série « The Originals » de la Deutsche Grammophon, en voici dans ce coffret 50 choisis par la firme allemande, qui constituent en soi une discothèque de base de très haute qualité, par la diversité équilibrée des œuvres et compositeurs proposés, mais également par le plus vaste éventail possible des artistes de la seconde moitié du XXe siècle qui ont marqué le label jaune de leur personnalité.

En tout premier lieu, on appréciera que DG y ait inclus l'intégralité de ses trop rares témoignages studio orchestraux du regretté : les interprétations exceptionnelles des Symphonies n°5 et n°7 de Beethoven, n°3 et n°8 « Inachevée » de Schubert, et n°4 de Brahms sont des modèles difficilement égalables, magnifiées par une Philharmonie viennoise des grands jours, dont Kleiber était le chouchou. À noter qu'à la toute fin de l'Allegretto de la Symphonie n°7 de Beethoven, adopte la rare version toute en pizzicati, comme l'avait déjà fait son père Erich. Avec la même phalange, nous offre l'une des plus belles et chaleureuses « Pastorale » de Beethoven (1971) commises au disque, et l'on retrouve ce grand chef dans trois concertos pour bois (1973) et les six dernières symphonies de Mozart extraites de sa célèbre intégrale stéréo des années 60, une Flûte enchantée légendaire (1964), et surtout le Tristan et Iseult de Bayreuth 1966, insurpassé, avec l'immense Birgit Nilsson.

est évidemment très présent dans ce coffret : en tout premier lieu avec deux CDs éblouissants consacrés à , une superbe Symphonie n°9 de Beethoven de l'intégrale 1962, une bonne Symphonie n°5 de Mahler (1973) et les moins indispensables Symphonies n°3 « Écossaise » et n°4 « Italienne » de Mendelssohn de son intégrale 1973. Par ailleurs on se réjouira de la présence des deux CDs de la toute jeune mais déjà mature (respectivement à 14 et 17 ans) accompagnée d'un Karajan paternel dans les Concertos pour violon n°3 et n°5 de Mozart (1978) et ceux de Mendelssohn et Bruch (1980). L'admirable disque Karajan – Rostropovitch a tout naturellement sa place ici (Dvořák – Tchaïkovski, 1968), de même que la collaboration Rostropovitch – Serkin dans les deux sonates de Brahms (1982), remarquable nouveauté dans cette série « The Originals ». Rostropovitch, bien qu'excellent et sympathique chef dans les suites des trois ballets de Tchaïkovski, doit s'incliner devant le fulgurant dans les trois dernières symphonies du compositeur russe (version stéréo, 1960) qui n'ont jamais été égalées.

est totalement dans son élément avec les Danses slaves et les Symphonies n°8 et n°9 « du Nouveau Monde » de Dvořák, ces dernières issues de sa belle intégrale berlinoise de 1973, tandis que sa Symphonie n°1 « Titan » de Mahler est l'un des volets les mieux réussis de son intégrale munichoise (1971). Un pilier de la première heure de DG, , est ici à l'œuvre dans sa formidable Messe de Requiem de Verdi (1953), dans lequel il parvient à concurrencer sans peine Arturo Toscanini !… Un autre pilier de DG, , est bien présent ici, non pas avec ses admirables symphonies de Bruckner, mais par la version stéréo de référence des Carmina Burana de Orff (1967) et la version impériale des deux Concertos pour piano de Brahms (1972), en parfait accord avec son royal soliste Emil Guilels, ce géant du piano qui par ailleurs s'attache à ciseler avec une infinie tendresse ces merveilleuses miniatures que sont les Pièces lyriques de Grieg (1974), et s'allie avec bonheur au Quatuor Amadeus dans le Quintette « La Truite » de Schubert (1975).

fut le premier à nous gratifier d'une magnifique intégrale en stéréo des Concertos pour piano de Mozart (1969) : en voici les n°6, n°17 et n°21, ce dernier ayant servi, comme le montre le visuel de la pochette, de musique pour le film Elvira Madigan de Bo Widerberg. Les nostalgiques du poétique le retrouveront ici dans les Concertos pour piano n°4 et n°5 « L'Empereur » (avec Ferdinand Leitner, 1961) et quatre des sonates pour piano les plus connues (version stéréo, 1965) de Beethoven, tandis que les amateurs de piano bien sonore seront comblés par les extraordinaires interprétations de deux artistes dans leur prime jeunesse : (Études et Polonaises de Chopin, 1972 et 1975) et dans son premier récital de 1960, et divers concertos de Chopin, Liszt, Ravel, Prokofiev, avec le regretté , que l'on retrouve d'ailleurs dans un excellent concert Prokofiev, avec notamment Alexandre Nevski et la Suite Scythe.

L'une des toutes premières publications « The Originals » en 1995 fut un double CD consacré au grand violoniste dans des œuvres concertantes de Bach, Beethoven (1962), Brahms et Tchaïkovski (1954) : il était impérieux de sauvegarder ces gravures en CD, surtout les plus anciennes, car jamais Oïstrakh n'a aussi bien joué les concertos de Brahms et Tchaïkovski qui furent d'emblée, à l'époque et pour longtemps, des références absolues, ce qui n'est guère étonnant avec la présence de la sous la baguette de .

Enfin, les amateurs de mélodies seront comblés avec les deux récitals de cycles de lieder de Schubert : l'un consacré à La Belle Meunière par le ténor allemand trop tôt disparu , et l'autre au Voyage d'hiver par le tout aussi regretté baryton allemand . On peut supposer – et surtout espérer ! – que d'autres coffrets « The Originals » suivront…

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