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Impressions pianistiques stravinskiennes par Alexej Gorlatch

Le jeune virtuose ukrainien signe un premier disque étonnant au niveau éditorial et artistique pour le label Sony classical. 

Voilà un album qui intrigue avant même d'en débuter l'écoute. Nous sommes avec un disque hybride qui n'est curieusement pas une intégrale de l'œuvre pour piano et orchestre de Stravinsky (car il manque les atonaux Movements pour piano et orchestre, d'une durée de 10 minutes environ) et qui n'est pas une intégrale de la musique pour piano solo car il manque les grandes pièces du maître. Pourtant la totalité de l'œuvre pour piano de Stravinsky tient sur 2 disques ! Il faut donc se contenter d'un produit dont on recherchera la pertinence éditoriale tant la Sonate pour piano en fa dièse mineur (à ne pas confondre avec la Sonate pour piano de 1924 qui aurait eu sa place dans ce programme)  proposée en complément des deux œuvres concertantes est une partition ultra-mineure de Stravinsky !

Côté artistique, l'approche surprend : le jeune pianiste tend à russiser le propos du Concerto pour piano et instruments à vents et du Capriccio, pourtant deux œuvres du Stravinsky des années 1920. La pâte pianistique est un mix entre la puissance sonore et dynamique d'un concerto de Rachmaninov et une inspiration tirée d'un tableau anguleux et festif d'une Gontcharova ou d'un Larionov ! La direction de la Mexicaine cultive quant à elle un côté brut de fonderie picaresque et coloré plus tourné vers le carnaval de Mexico que vers les fêtes russes nostalgiques.  On retrouve cette cheffe  avec ce débordement d'énergie peu contrôlé et peu maîtrisé qui la caractérise. Côté interprétation, si on reconnaît à ce disque un parti pris original, il apparaît dépassé par des interprétations plus idiomatiques : avec (Sony), avec (Hyperion), avec Yan-Pascal Tortelier (Chandos) ou encore et Sir dans le seul Concerto pour piano et vents (Philips).

est bien plus à son aise dans la Sonate pour piano, œuvre de jeune d'un compositeur alors âgé d'une vingtaine d'années. Le style est foncièrement russe à la manière d'un Rachmaninov des petits jours. D'une durée de près de 25 minutes, elle peine à retenir l'attention au-delà de l'impression d'un brillant travail de jeune homme. Sauf , intégraliste chez EMI, la concurrence discographique est quasi-inexistante.

Très apprécié en Allemagne, Alexej Gorlatch est dans doute un virtuose à suivre mais ce répertoire mal-choisi nous empêche de l'apprécier à sa juste valeur.

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