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Julien Masmondet, cap sur Pierre Loti à Istanbul

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Le chef d'orchestre est le fondateur et le directeur du Festival « Au pays de Pierre Loti » à Rochefort et à l'île d'Oléron. Mais, comme Pierre Loti, aime voyager et cette automne verra la première édition du festival à Istanbul, la deuxième patrie de Pierre Loti.

Photo portrait Julien Masmondet - crédit Neda Navaee« Istanbul est aussi une cité fascinante qui se prête à  un festival organisé dans des lieux insolites. »

ResMusica : Vous avez initié le festival Pierre Loti, à la fois en France (en Charente-Maritime) et en Turquie. Pourquoi Pierre Loti ? Qu'est-ce qui vous a attiré chez cet auteur ?

 : La première raison est affective et familiale ! Mes grands-parents avaient une maison à Saint-Pierre d'Oléron, à 200 mètres de celle de Pierre Loti. Quand j'étais enfant, je passais régulièrement devant. J'entendais alors parler de ce personnage fascinant et j'avais visité sa maison à Rochefort. Cette demeure est un palais des mille et une nuits avec ses pièces féériques et fascinantes pour un enfant. Je me suis ensuite intéressé à sa littérature : ses romans et ses récits de voyages. Ses textes sont très musicaux et lors des lectures, ils s'avèrent très mélodiques et chantants.  Quand j'ai voulu créer un festival, je me suis donc tourné vers Pierre Loti car j'étais passionné par les correspondances entre la littérature et les arts et par cette période artistique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Je voulais également lier le festival à cette région de France marquée par des thématiques attachées à son œuvre : le voyage, la mer… dans un esprit de salon artistique tel qu'il existait à la fin du XIXe siècle.

RM : Pierre Loti n'est-il pas lié à des compositeurs de son temps ?

JM : Oui tout à fait ! En travaillant sur cet écrivain, j'ai découvert les correspondances avec des compositeurs que j'aime beaucoup mais qui sont rarement joués : , Charles  Kœchlin ou Jean Cras… C'est un répertoire que j'aime beaucoup et il me tient à cœur de le faire redécouvrir au public.

RM : Le festival existe depuis 2005 en France et cet automne, il y aura la première édition à Istanbul. Pourquoi Istanbul ?

JM : J'ai découvert Istanbul par la littérature de Loti, car la ville est liée à  son œuvre. Istanbul est au cœur de son premier roman Aziyadé, celui qui va lui apporter le succès et la reconnaissance. Quand j'ai créé le festival, j'avais l'idée de jeter des ponts entre les cultures. J'ai d'ailleurs intitulé le festival « Au pays de Pierre Loti », car L'auteur est autant chez lui en Charente Maritime qu'en Turquie, où il s'est rendu très souvent. Loti est d'ailleurs considéré comme un ami des Turcs. Lors de ma première visite à Istanbul, il y a 5 ans, j'ai été surpris de la connaissance de l'œuvre de Loti, parfois plus qu'en France. Istanbul est aussi une cité fascinante qui se prête à un festival organisé dans des lieux insolites.

RM :   Comment avez conçu la programmation ? Quelles sont les thématiques ?

JM : J'ai voulu prolonger ce qui fait le succès du festival. Tout d'abord des lieux forts, avec le quartier d'Eyüp, qui est le lieu où se déroule le roman Aziyadé ; mais j'ai voulu également mettre à l'honneur les compositeurs français que je programme en France, dont des musiciens comme Jean Cras, , … Ce dernier était également fasciné par Istanbul et très proche de Pierre Loti. J'ai souhaité mélanger les genres : concerts de musique de chambre, récitals et lectures, dont une avec l'artiste turque Selin Altiparmark, qui déclamera les textes en français et en turc. Pour cette première année, il n'y a pas de concerts avec orchestre car c'est un peu lourd à gérer pour ce festival inaugural, mais c'est dans nos projets futurs !

RM : Il y aura également à l'affiche deux compositeurs turcs : et  ?

JM : Oui ! Ces compositeurs me tiennent à cœur. Je trouve qu'ils représentent une passerelle entre nos cultures. Ils ont étudié à Paris, car Atatürk leur avait octroyé des bourses afin qu'ils s'y perfectionnent auprès des meilleurs professeurs. Leur écriture est influencée par la musique française.

RM : Les autorités turques soutiennent le festival depuis ses débuts et vous ont appuyé pour cette édition stambouliote. Comment avez-vous réussi à les convaincre ?

JM : C'est parti d'une première dynamique autour d'un jumelage entre la ville de Rochefort-sur-Mer et Eyüp. Un rapprochement culturel s'était  opéré dès 2010 avec une invitation de peintres français à Istanbul pour y peindre le Bosphore. J'avais été convié pour présenter le projet du festival et j'ai pu entrer en contact avec les autorités, qui ont été séduites par le festival. En France, nous faisons chaque année un hommage à la Turquie en proposant des compositeurs turcs ou des lectures thématiques. L'ambassade de Turquie en France nous soutient très activement !

RM : La scène artistique d'Istanbul est très dynamique ! Comment pouvez-vous la définir ?

JM : La vie culturelle est fabuleuse car Istanbul est une capitale mondiale, avec un grand festival et de nombreux concerts. Mais, il est possible d'y avoir une approche différente, plus audacieuse et de jouer en dehors des lieux habituels. Les nouveaux projets ne sont pas vus comme une concurrence, mais comme une complémentarité. J'ai rencontré la direction du prestigieux festival d'Istanbul, l'un des grands évènements culturels turcs, elle a été des plus bienveillantes envers notre festival Loti.

Crédits photographiques : © Neda Navaee

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