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Mister Gershwin, les gratte-ciels de la musique

Très enthousiasmés par la série des Monsieur Satie, Monsieur Chopin et Monsieur Ravel nous espérions du nouveau « Monsieur » qu'il aborde de nouveaux registres et des compositeurs « plus en prise avec la vie ». Avec Monsieur Gershwin, nous sommes comblés !

Un piano emménage dans un quartier de Brooklyn et nous introduit chez les Gershwin, famille juive modeste : riche idée de que de faire du piano le narrateur de cette success story, qui mène le jeune George, enfant dissipé mais talentueux, de Brooklyn à Paris. Le récit se termine sur cette sorte d'apogée, quand il rencontre Ravel et compose An american in Paris. Nous sommes bien dans le New-York des années 1920. Tout y est : les quartiers populaires de Brooklyn et Harlem, le music-hall à Broadway, où il découvre Fanny Brice et Al Johnson, les fêtes juives et le personnage impayable de la mère à l'accent russe, mais aussi les difficultés matérielles de la famille. C'est surtout l'histoire de la découverte de la musique par le compositeur, de la joie et de l'excitation de jouer et de composer en famille, avec son frère parolier, Ira, et sa sœur chanteuse, Frances.

Le texte est lu par , avec un fort et charmant accent américain, mais un très bel effort de prononciation et surtout une interprétation pétillante. Il est ponctué par des extraits musicaux variés, dans des interprétations de choix : indémodables du music-hall (Gene Kelly dans des airs d'An american in Paris, Sarah Vaugham dans I'll build a stairway to paradise, dans The real american folk song, pour ne citer qu'eux), incontournable Rhapsody in blue dirigée par Leonard Bernstein, mais aussi des pièces pour piano, par Gershwin lui-même, ou même un extrait d'Humoresque de Dvořák par Gautier Capuçon. Cinq titres sont à retrouver en intégralité à la fin du disque, qui (malheureusement ?) ne sont pas toujours ceux qui illustrent le récit : Rhapsody in blue, deux pièces de Porgy and Bess (Summertime et I Got plenty o'nuttin par la RCA Victor Orchestra and Chorus, dirigé par Skitch Henderson) et Heaven on earth (O'Kay), par l'Orchestra of St Luke's, dirigé par Eric Stern. Les illustrations de sont réussies et nous rappellent parfois les vues de New-York de Sempé aux petits personnages musiciens.

La durée du récit (45 minutes) et l'accent de l'interprète pourraient décourager les enfants trop jeunes. Aussi nous le conseillons à des enfants d'au moins 7-8 ans. Ce sera alors pour eux une belle et joyeuse entrée dans le jazz.

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