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La Belle au bois dormant sur un air baroque

La Compagnie Fêtes galantes remet la danse baroque au goût du jour et nous livre une version personnelle et pleine de charme de La Belle au bois dormant.

Si la Belle au bois dormant avait vécu au XVIIe siècle à la cour du roi Louis XIV, elle aurait pu prendre les traits de la jeune Duchesse de Bourgogne, qui égaya les vieux jours du monarque. Celle qui fut l'épouse du Dauphin, petit-fils de Louis XIV, mourut brutalement à 27 ans et se plaît à imaginer que « si cela avait été en son pouvoir, le Roi aurait ordonné à la cour de s'endormir avec la Duchesse ».

À destination du jeune public, le spectacle est truffé d'humour et suit un schéma narratif simple et efficace, en deux temps. Le premier campe l'histoire à la cour du roi Soleil, avec une grande sobriété de moyens. Les costumes XVIIe et la musique baroque de , mais aussi Elisabeth Jacquet de la Guerre, et Charles-Hubert Gervais  suffisent pour nous plonger dans le Grand Siècle.
C'est sur l'air de Chérubin des Noces de Figaro que s'ouvre la seconde partie du spectacle. Cent ans se sont écoulés depuis que la Belle s'est endormie, frappée par le sortilège de la fée maléfique. On se retrouve donc au beau milieu du XVIIIe siècle, qui marque le triomphe des Mozart, père et fils. Et le réveil de la Belle par un prince vif et un peu étourdi (il embrasse la nourrice au lieu de la Belle !), qui semble tout droit sorti d'un opéra de Mozart. Pour marquer la rupture avec l'époque baroque, les danseurs ont quitté leurs souliers à talons et la danse se fait contemporaine.

réalise un subtil dosage de scènes comiques, de passages joués et de passages dansés qui amusent et séduisent aussi bien les enfants que les adultes. L'esprit du conte est respecté, sans qu'il soit nécessaire d'en raconter tous les épisodes. Ainsi, la présence de la fée maléfique et la fameuse scène de la piqure au doigt d'Aurore sont habilement suggérées : pas de fée, ni de vieille dame et de quenouille, mais seulement une forme inquiétante enveloppée dans une cape sombre, qui suffit à symboliser la menace.

Incarnée par la pétillante , la Belle ravit par son naturel et sa fraîcheur. Le personnage de la gouvernante, interprété par , correspond au topos de la duègne guindée et ridicule et fonctionne comme un puissant ressort du comique.
Seul bémol : on aurait aimé que les passages de danse baroque soient davantage développés. Il faudra se contenter ici d'une suggestion par quelques pas esquissés, au profit des courses folles et des galipettes de la Belle.

La pièce se termine comme elle a commencé : dans l'allégresse, qui se lit aussi bien sur les visages des danseurs, que sur ceux des enfants. Avec cette Belle à la fois baroque et contemporaine, a conquis le public, jeune et moins jeune.

Crédit photographique : ONP- François Stemmer

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