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Aurélien Dumont : un univers musical en forme de kaléidoscope

Le jeune compositeur propose dans l'album While la vision d'un univers musical subtil et excitant.

Cette première monographie du compositeur introduit à un monde musical et sonore particulier et captivant, parcouru de tensions et de paradoxes. Très pensé, voire même théorisé par l'auteur, il est aussi extraordinairement sensible et concret et d'une grande puissance d'évocation. Il met en relation décomplexée passé et présent, comme en témoigne cette amusante pièce parodique intitulée Thét®is, en référence pour le moins décalée aussi bien à la cantate de Rameau qu'au jeu vidéo bien connu.

Le matériau musical est foisonnant et volontairement hétérogène ; il est assemblé en petites entités indépendantes, comme autant d'objets ou de paysages sonores agencés ensuite selon un fil narratif plus ou moins manifeste. Parmi ces matériaux, le son des instruments, flûtes, clarinettes, percussions essentiellement, parfois « augmentés » électroniquement mais aussi bruits concrets de la vie quotidienne, sons électroniques ; et ce que le musicien appelle des O.E.M, Objets Esthétiquement Modifiés, sorte de citations ou d'inserts déformés de minuscules fragments d'œuvres de Beethoven, de Rameau, de morceaux de rock, d'accords spectraux. Le résultat est un véritable tissu sonore aux textures fragiles et chatoyantes, très subtiles.

Autre caractéristique importante dans le travail d', les mots. Il faut signaler sa longue collaboration avec un poète contemporain, Dominique Quélen, qui signe ici le texte de trois des cinq œuvres présentées sur ce disque.

Kaléidoscope oui, en raison de la variété des approches, avec des pièces allant de la franche et amusante parodie à des univers mouvants d'une grande poésie. Jamais d'excès sonore, mais une inventivité constante, souvent primesautière, joyeuse. Les sources de cette musique sont diverses mais le musicien parvient à les façonner à sa main : culture japonaise, musique du passé, poésie et univers sonore contemporains. On se trouve donc en présence d'une myriade de petits mondes à investir, comme dans la dernière pièce du disque où alternent des « marées » essentiellement électroniques et des « fables asséchées » au matériau plus composite.

Peut-être faudrait-il que dans le développement de son travail le musicien veille à englober cette richesse dans des formes d'envergure, susceptibles de les unifier et d'éviter le piège d'un pointillisme musical.

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