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La triste Belle Meunière de Bo Skovhus

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Genève. Grand Théâtre. 6-XII-2015. Franz Schubert (1797-1828) : Die schöne Müllerin D.795, Wilkommen und Abschied D.767, Der König in Thule D.367. Bo Skovhus, baryton. Stefan Vladar, piano.

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Bo SkovhusAprès le « Winterreise » de Jonas Kaufmann, puis le « Schwanengesang » de Michael Volle, le Grand Théâtre de Genève poursuit cette série de grands récitals dédiée à avec « Die schöne Müllerin » offert au baryton danois .

Difficile de croire qu'un artiste ne sache pas que son travail n'a pas été à la hauteur de ses propres attentes. Et que ce doit être triste pour le baryton de se rendre compte que sa voix le lâche et que son interprétation de « Die Schöne Müllerin » était bien triste. Il fallait le voir quitter la scène après son récital, la tête basse, comme vaincu, le dos légèrement courbé, accompagné par la main secourante de son pianiste accompagnateur partageant sa peine.

Parce que oui, ce récital n'est plus à la hauteur du chant du baryton danois. Dès les premières lignes du cycle schubertien, on perçoit une voix manquant terriblement de timbre et de vibrato. La ligne de chant est absente, la projection vocale incertaine, la respiration courte et les aigus semblant sortir d'une autre voix. On espère une faiblesse passagère. La voix va se chauffer. Las, le chanteur, malgré un métier éprouvé ne retrouvera pas la chaleur qu'on attend.

Nous sommes loin de l'évidence barytonale du offrant ce concert avec l'Orchestre de la Suisse Romande ou de l'immense Amfortas qu'il donnait au Grand Théâtre de Genève. Mais c'était en mars 2006 pour le premier et en avril 2004 pour le second. Et qui qu'on soit, on ne passe pas impunément de la hargne du Dr. Schön de Lulu d'Alban Berg à la douceur de .

On aurait imaginé qu'un peu de théâtre cherche à cacher les failles de la voix mais, là encore, Bo Skovhus reste de marbre. Pire, la diction laisse à désirer. Donc, de poésie pas le moindre atome. Tout au plus sent-on une lassitude qui n'a rien à voir avec les poèmes mais plutôt avec un désir à peine caché d'en finir avec « cette-soirée-sans ».

Dans un effort fait sur lui-même, Bo Skovhus semble vouloir surmonter les forces artistiques qui l'abandonnent et, on remarque un léger mieux dans « Die liebe Farbe », l'un des ultimes chants du cycle. Un espoir de courte durée puisque dès l'air suivant, il retombe dans les travers décelés jusqu'ici.

Généreux malgré la fatigue qui transparaît, le baryton danois offre deux bis de avec un brillant « Wilkommen und Abschied » montrant soudain un réveil vocal inattendu autant que bienfaisant suivi par un « Der König in Thule » terne à l'image du récital.

Difficile de mettre la déception de ce récital sur une méforme passagère de Bo Skovhus tant les problèmes vocaux constatés relèvent d'une usure vocale évidente. Pourtant l'accompagnement, tout en finesse et d'une grande musicalité, du pianiste viennois n'a jamais failli dans l'excellence d'un admirable jeu pianistique.

Crédit photographique : ©Roland Unger

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Genève. Grand Théâtre. 6-XII-2015. Franz Schubert (1797-1828) : Die schöne Müllerin D.795, Wilkommen und Abschied D.767, Der König in Thule D.367. Bo Skovhus, baryton. Stefan Vladar, piano.

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