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Vivaldi magnifié par Amandine Beyer et son ensemble

Le titre de l'album, « Teatro alla moda », se réfère à celui d'un pamphlet satirique de Benedetto Marcello, publié pour la première fois à Venise en 1720, dans lequel l'auteur exprime des opinions critiques sur le milieu de l'opéra seria italien dans les premières décennies du XVIIe siècle.

Tout cela n'a pas beaucoup à voir avec le contenu du disque, sauf qu' composait aussi des opéras, dont on ne trouve ici qu'une trace : la symphonie d'ouverture de l'Olimpiade. En outre, cette production comporte six concertos pour violon, dont l'un (le RV 322) bénéficie d'une reconstruction de la partie de violon effectuée par et Olivier Fourés. Ce dernier a reconstruit également le « Ballo Primo » d'Arsilda Regina di Ponto (RV 700), la seule pièce chorégraphique qu'on connaît de nos jours du « prete rosso », ainsi que la Gigue du Concerto pour violon en sol mineur RV 316, refaite d'après un des concertos de Jean-Sébastien Bach. De plus, pour ce qui est des raretés discographiques, nous fait entendre le Largo du Concerto pour violon en ré majeur RV 228, écrit « per l'Orchestra di Dresda », présenté ici dans la version qui a probablement été remaniée par Johann Georg Pisendel.

Bien que le contenu de l'album cache de nombreux secrets, surtout en ce qui concerne l'authenticité des partitions reconstruites, le programme proposé par est cohérent et séduisant. L'artiste nous fait découvrir, d'une part, un Vivaldi splendide, virtuose et plein de vigueur. D'autre part, très humaine sur le plan de l'interprétation, elle trouve un juste milieu entre l'énergie de cette musique et le côté poétique de celle-ci, soit un équilibre qui fait que « apollinien » et « dionysiaque » s'entendent comme larrons en foire.

Les prestations données par Amandine Beyer et l'ensemble sont d'une élégance extraordinaire : jamais tendues, elles se font remarquer par la légèreté du phrasé, la fluidité et la précision rythmique, mais aussi par un certain manque de richesse de couleurs et de densité de la pâte orchestrale. Dotée d'une technique impeccable, la violoniste opte pour des tempos vifs et peu de vibrato, au détriment de la pureté du timbre et de la puissance sonore, ce qui résulte, peut-être, du fait qu'elle joue sur un instrument historique. Son violon produit des sonorités brutes et violentes dans les basses, mais à la fois envoûtées par une chaleur rayonnante dans les aigus. Dans le concerto « Violino in Tromba », ces sonorités sont constamment rustiques, voire âcres et rauques, tellement elles semblent abstraites et étranges. Un beau monde à ne pas oublier.

 

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