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François-Xavier Roth et Petra Lang dans la 3e de Mahler

La nature rêvée : la Symphonie n° 3 de Mahler présentée à l'Opéra de Dijon, avec l'Orchestre Symphonique de Baden-Baden & Freiburg, dirigé par , l', le et la mezzo-soprano .

Il faut bien l'audace du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg pour oser s'attaquer à cette œuvre monumentale tout en en assurant l'unité. En outre, le spectacle vaut le déplacement : les attaques des huit contrebasses, les marches aux cuivres, les solos de cor de postillon et de trombone, les coups de gong ou de grosse caisse et l'instant où se lèvent les trois joueurs de cymbales… : de grands moments, autant pour les oreilles que pour les yeux !

Cet orchestre de renom, appelé hélas à se fondre dans celui de Stuttgart, tient encore une fois ses promesses : tant sur le plan des sonorités d'ensemble, qui sont variées et assez fascinantes, que dans le domaine du jeu des pupitres et des soli, on ne trouve rien à redire. prend le parti de forcer le trait en ce qui concerne les nuances, et cela donne des résultats forts : beaucoup de crescendos parsèment les six mouvements et, par contraste avec ce qui les précède, ils offrent des sortes de coups de théâtre qui sonnent comme des cris de révolte ou bien, dans le dernier mouvement, comme une sorte d'enthousiasme. Le rubato obtenu dans le deuxième mouvement est d'ailleurs assez « bluffant » ; la gestique du chef est toujours différente suivant les sujets : dans les marches, elle est nette et sèche, dans les moments souples, elle est plus ronde.

Mais, ce qui étonne le plus, ce sont les ultra-pianos obtenus avec le mastodonte qu'est cet orchestre mahlérien. On remarque la clarté quasi séraphique des bois qui succèdent aux coups de timbales et de triangle dans le mouvement 1. On prend plaisir aux nombreuses interventions des cors. On apprécie le solo de hautbois, dont le thème repris par les seconds violons est relayé au piccolo, puis aux soli du premier violon et du chef d'attaque des seconds dans le deuxième mouvement.

D'une manière générale, les cordes sont d'une transparence lumineuse (voir le mouvement final) ou d'une énergie percutante : les trilles extra-légers dans le troisième mouvement sont comme des ombres en arrière-plan des bois. Les altos et les seconds violons font admirablement sentir les modulations dans le choral qui introduit le dernier mouvement avec une sonorité éthérée ; ces pupitres permettent d'être en phase avec la plénitude qu'apportent parfois les compositions de .

possède ce timbre de voix qui rappelle celui de Kathleen Ferrier et qui, depuis, nous semble s'imposer dans ce type de musique. Son dialogue nietzschéen avec les cors est magnifique, comme une sorte d'incantation un peu inquiète.

Le chœur de femmes est d'une précision parfaite ; on regrette seulement de ne pas avoir en simultané la traduction du texte. Les petits anges accompagnés par les cloches du nous font entrevoir le Paradis, et nous rappellent aussi notre innocence perdue.

Crédit photographique : (c) Opéra de Dijon

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