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La 5e de Tchaïkovski fait vibrer le public niçois

Un concert très inégal dont il ne faut retenir qu'une chose : dans la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski, l' a su renaître de ses cendres.

Avec en ouverture le poème symphonique de Liszt Les Préludes, la soirée, placée sous le signe du romantisme, ne commence pas sous les meilleurs auspices. Impossible en effet de ne pas s'étonner – voire même de s'agacer – devant la direction très personnelle du chef invité  : ses gestes extrêmement emphatiques semblent n'avoir aucun lien avec le résultat sonore; pire, à force de frôler le contresens musical, on se voit vite obligé de fermer les yeux pour échapper à cette curieuse dichotomie. Sans surprise, l'œuvre nous laisse un sentiment récurrent d'imprécisions, tant au niveau des attaques que des phrasés et des nuances.

Après ce début décevant, fait de son mieux dans le redoutable Concerto pour piano de Grieg : très à l'écoute de l'orchestre, il s'échine à dialoguer avec les solistes, adoptant une attitude de chambriste qui correspond tout à fait à l'humilité qui se dégage de son jeu. Ne cédant jamais à l'esbroufe et à la virtuosité gratuite, il propose ainsi une vision humaine et empathique là où beaucoup ne voient que des traits d'octaves et des arpèges sans fin. Malheureusement, l'orchestre, systématiquement derrière lui (y compris sur les cadences, ce qui est tout de même fort gênant !) ne lui facilite pas la tâche – on déplore en outre des soucis d'équilibre sonore avec une flûte soliste parfois indistincte – et c'est seulement dans le troisième mouvement qu'il parvient à réellement tirer son épingle du jeu. En bis, son interprétation pudique d'un prélude de Debussy, La fille aux cheveux de lin, nous confirme néanmoins une chose : est un grand musicien que l'on aimerait entendre plus souvent.

Cette première partie en demi-teinte, ne laisse donc aucunement présager du moment de grâce qui va suivre : la Symphonie n° 5 de , dirigée de mémoire, est quant à elle magistrale. La direction, qui gagne ici en sobriété, offre des couleurs beaucoup plus raffinées où la lourdeur ne l'emporte jamais sur la puissance. De plus, les tempi choisis savent souligner avec pertinence l'atmosphère de chacun des quatre mouvements sans jamais nuire à la progression dramatique : en donnant ainsi le meilleur de lui-même, l'orchestre nous fait presque oublier les errances de la première partie.

Crédits photographiques  : © Mirek Pietruszynski; © Bernard Martinez

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