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La danse contemporaine mise à l’honneur par le Ballet de Lyon

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Paris. Théâtre de la Ville. 20-II-2016. Xylographie, création 2016 ; chorégraphie : Tânia Carvalho ; costumes : Aleksandar Protic ; lumières : Zeca Iglésia. Sunshine ; chorégraphie, lumières et bande-son : Emanuel Gat ; musique : d’après Georg Friedrich Haendel, Water Music, Suite n° 2 en ré majeur. Black Box ; chorégraphie : Lucy Guérin ; musique : Oren Ambarchi ; scénographie : Ralph Myers ; costumes : Ralph Myers, Lucy Guérin ; lumières : Benjamin Cisterne. One Flat thing reproduced (2000) ; chorégraphie, costumes, scénographie et lumières : William Forsythe ; musique : Tom Willems. Avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon.

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La rencontre, au sein d'une même soirée, de jeunes chorégraphes à la renommée grandissante comme la Portugaise, Lucy Guérin l'Australienne, , Israélien installé en France et du maître de la danse moderne américaine, , constitue un programme réussi, magistralement interprété par les danseurs du au théâtre de la Ville.

Chacun de ces chorégraphes a un lien particulier avec le . La première mondiale de Xylographie de a eu lieu dans le cadre du programme Révolution(s), présenté en février 2016 au Toboggan à Lyon. a créé Sunshine pour et avec les danseurs de l'Opéra de Lyon en 2014, lors de la 16e biennale de la danse. Black Box de Lucy Guérin est né d'une commande – la première en France pour la chorégraphe – de Yorgos Loukos, le directeur de l'Opéra de Lyon. Si One Flat thing, Reproduced n'a pas été créé par le Ballet de Lyon, mais par celui de Francfort en 2000, la pièce est entrée au répertoire de la compagnie dès 2004, ce qui a été l'occasion pour Forsythe d'adapter sa chorégraphie, ajoutant des variations encore plus virtuoses et périlleuses que dans la pièce d'origine.

L'association de ces chorégraphes venant d'horizons différents donne un bel aperçu des tendances de la danse d'aujoud'hui.

Avec Xylographie, la soirée s'ouvre sur une pièce tout en nuances, qui met en valeur aussi bien les individualités que les mouvements d'ensemble. La pièce commence dans le silence, dans un demi-jour contrasté. Un danseur danse seul, les gestes félins, souples et violents à la fois. Une danseuse le rejoint, et tombe vertigineusement dans ses bras, au moment où la première note de musique éclate dans le silence. À l'image de cette scène introductive, la pièce est jalonnée d'arrêts sur un geste, figé dans sa pureté. La chorégraphe décortique le mouvement, décomposant les étapes d'un geste, réalisé en canon par les danseurs alignés, comme sur une pellicule de cinéma. Les effets de groupe, les jeux d'ombre et de lumières sont superbes et mettent en avant la précision d'ensemble de la troupe.

Changement de style et d'ambiance avec Sunshine. a laissé aux danseurs une grande latitude dans la composition de la pièce qui s'attache au processus de création. Les passages de musique alternent avec des bandes sons des répétitions où l'on entend le dialogue entre le chorégraphe, les danseurs et les musiciens. La danse est enlevée, enjouée comme la Water music de Haendel. Gat joue sur les interactions entre les danseurs, les portés, les déplacements. Toutefois, les passages parlés sont un peu longs et rompent l'harmonie entre danse et musique.

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La troisième pièce, Black box de Lucy Guérin, repose sur une idée ingénieuse. Les danseurs sont tour à tour cachés et dévoilés par une boîte noire, posée comme un couvercle au centre de la scène. Lorsqu'elle se soulève, apparaissent petit à petit les corps des danseurs, en commençant par les pieds et les jambes, sur lesquels se concentre le regard. Ils dansent dans un espace carré, éclairé uniquement par la lumière provenant de l'intérieur de la boîte. Lorsque celle-ci redescend du plafond, les danseurs viennent se loger à l'intérieur et disparaissent à nouveau. Comme dans un tour de passe passe, le nombre des danseurs diffère entre le moment où la boîte se ferme et celui où elle se rouvre. L'impératif de rentrer dans la boîte avant qu'elle ne touche le sol crée un sentiment d'urgence. La symbolique est ambiguë : lieu de confort et de sécurité, espace mental protégé, la boîte peut aussi devenir prison. La musique monotone fait plutôt pencher du côté de l'angoisse et du danger. Les passages lents alternent avec des parties beaucoup plus physiques, les duos avec les ensembles ; parfois les danseurs restent immobiles ou s'arrêtent de danser comme en répétition. Toutefois, le procédé finit par lasser et la pièce aurait gagné à être un peu plus courte.

La soirée se termine avec fracas avec One Flat thing, Reproduced. Comme toujours, Forsythe pousse les danseurs au-delà de leurs limites, les met en danger en multipliant les obstacles et les prises de risque. Les danseurs déboulent sur scène, chacun tirant derrière soi une table métallique. Ces tables sont alignées les unes à côté des autres, de manière symétrique et assez rapprochées. Le chorégraphe joue sur les trois plans créés par ce dispositif pour désaxer les lignes, multiplier les mouvements. La musique électronique renforce le côté brut, voire brutal de la danse, à l'énergie explosive.

Une soirée chorégraphiquement et esthétiquement très riche, et une création très réussie de .

Crédits photographiques : Xylographie © Stofleth ; Black Box © Michel Cavalca.

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Paris. Théâtre de la Ville. 20-II-2016. Xylographie, création 2016 ; chorégraphie : Tânia Carvalho ; costumes : Aleksandar Protic ; lumières : Zeca Iglésia. Sunshine ; chorégraphie, lumières et bande-son : Emanuel Gat ; musique : d’après Georg Friedrich Haendel, Water Music, Suite n° 2 en ré majeur. Black Box ; chorégraphie : Lucy Guérin ; musique : Oren Ambarchi ; scénographie : Ralph Myers ; costumes : Ralph Myers, Lucy Guérin ; lumières : Benjamin Cisterne. One Flat thing reproduced (2000) ; chorégraphie, costumes, scénographie et lumières : William Forsythe ; musique : Tom Willems. Avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon.

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