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Féérie à Metz avec Le Songe d’une nuit d’été de Britten

Succès d'équipe pour l'Opéra-théâtre de Metz-Métropole. Une distribution jeune et convaincante, habilement mise en scène par le maître des lieux, rend pleinement justice à l'un des plus grands chefs-d'œuvre de Britten.

Un amoncellement savamment agencé de chaises rouges, donnant l'apparence du désordre et du chaos, signale les excès et les débordements de la fameuse nuit d'été. Excellente idée que de donner les deux premiers actes, reliés dans l'esprit tout comme ils le sont dans le temps, sans interruption. L'ordre apparemment retrouvé au troisième acte est ici suggéré par l'alignement impeccable des mêmes chaises, surplombées à l'arrière-plan par un temple grec – quelque peu bancal toutefois – qui semble garantir le retour au monde diurne de la sagesse et de la raison. Fort heureusement, la pièce jouée par les artisans vient faire diversion dans cet univers aseptisé, à la froideur presque inquiétante…

C'est dans ces deux décors, tous deux nimbés d'éclairages à la beauté irréelle, qu'évoluent les personnages des trois histoires mises en scène dans Le Songe. Celle des quatre amants d'Athènes, égarés le temps d'une nuit dans l'univers magique et incontrôlable de la forêt, celle des six artisans venus répéter la triste histoire de Pyrame et de Thisbé et celle enfin du roi et la reine des fées, en désaccord quant à la propriété d'un jeune enfant. De rares accessoires – le landau de l'enfant, des fleurs de pavot aux vives couleurs, le rideau de scène de la pièce dans la pièce, le drap qui recouvrira les quatre amants à la fin du quatrième acte – complètent et embellissent cet impressionnant et astucieux décor. La direction d'acteurs, limpide et transparente, rend particulièrement lisibles les multiples enchevêtrements qui font tout le charme d'une des plus fascinantes comédies de Shakespeare.

Un des grands mérites de Paul-Émile Fourny réside également dans le fait d'avoir su réunir autour de lui une distribution parfaitement homogène, faite de chanteurs-acteurs vocalement et scéniquement à l'aise et ayant tous, de surcroit, l'âge et le physique de leur rôle. Du côté des quatre Athéniens, on préfèrera sans doute le gracieux ténor du Canadien Isaiah Bell, ainsi que le soprano toujours aussi fin et musical de . Parmi les artisans, c'est sans doute le Flute/Thisbé de l'impayable Osvaldo Perroni qui aura remporté l'adhésion, même si le Bottom de Gustavo Gibert a fait lui aussi excellente impression. Le couple-vedette formé d'Obéron et Tytania était quant à lui défendu par un au jeu et au chant trouble inquiétant, et une incarnant parfaitement la femme-enfant enchanteresse voulue par Britten. Une mention spéciale pour le Puck protéiforme, au jeu d'une rare fluidité, de . Impossible de passer sous silence l'excellente performance du Chœur d'enfants spécialisé du Conservatoire à Rayonnement Régional de Metz-Métropole, même si la difficulté de leur partition a sans doute été un frein dans la liberté de leur jeu. Quant à l', en très bonne forme, il était dirigé de main de maître par un chef, , qui de toute évidence a quelque chose à dire chez Britten. Sa lecture fine et colorée, parfaitement maîtrisée et inspirée d'un bout à l'autre de la soirée, aura grandement contribué à la magie et à l'enchantement de cette soirée.

Crédit photographique © Arnaud Hussenot – Metz Métropole

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