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Pas de Dieux et Soir de fête par le Ballet Nice Méditerranée

Du jazz de au classicisme de , le Ballet Nice Méditerranée propose, avec Pas de Dieux/Soir de fête, un voyage  divertissant à travers l'histoire de la danse.

Dirigé depuis 2009 par Eric Vu-An, ancien danseur de l'Opéra de Paris, le Ballet Nice Méditerranée propose une programmation variée, alternant des pièces des répertoires classique et contemporain. Néanmoins, le niveau technique de la troupe reste globalement en-deçà de l'ambition artistique de son directeur.

Dans le style délicieusement kitsch des comédies musicales hollywoodiennes des années 1960, Pas de Dieux, ballet chorégraphié par Gene Kelly, met en scène Aphrodite et Eros qui, pour tromper un ennui tout Olympien, se plaisent à descendre sur Terre éprouver les péripéties de la vie des mortels. Sur Terre, oui mais pas n'importe où: à Paris, ville de l'amour et de la joie de vivre, idéalisée dans Un Américain à Paris.
L'intrigue, légère et sans grande consistance, est surtout prétexte à un ballet joyeux, mêlant des duos classiques à des ensembles très jazzy, sur la musique endiablée de .

Le corps de ballet déploie l'entrain nécessaire pour rendre les ensembles rythmés et captivants, mais les solistes n'éblouissent ni par leur technique, ni par leur interprétation. Espiègle et mutine, Marie-Astrid Casinelli campe une Aphrodite un peu naïve et superficielle. Claude Gamba parvient à traduire le ridicule du personnage de Zeus mais il lui manque la maturité et l'aplomb nécessaires pour ne pas en faire une simple caricature. En somme, le personnage le plus crédible n'est autre qu'Eric Vu-An, qui apparaît (trop) brièvement dans le rôle du voyou. A la manière des combats mis en scène par Jérôme Robbins dans West side story, il affronte Zeus qui vient sonner la fin de la récréation et récupérer sa déesse volage. Vu-An allie intensité de l'interprétation, précision technique et présence scénique, qualités qui manquent malheureusement en grande partie aux solistes.

Un ballet tout droit sorti d'un poème de Verlaine

Changement complet d'atmosphère et de style avec Soir de fête de Léo Staats. Ce ballet rose bonbon et crème chantilly qui incarne une certaine technique classique « Opéra de Paris », a été créé en 1925 en réaction au modernisme des Ballets russes de Diaghilev. Ballet sans autre intrigue que l'envie de danser par un beau soir d'été dans une société mondaine rêvée et intemporelle, il semble avoir été conçu pour illustrer ces vers du poème Clair de Lune, extrait des Fêtes galantes de Verlaine: « Votre âme est un paysage choisi/ Que vont chantant masques et bergamasques/ Jouant du luth et dansant et quasi/ Tristes sous leurs déguisements fantasques ». Point de tristesse dans Soir de fête mais plutôt un soupçon de nostalgie qui transparaît lorsque la musique  de se fait plus tendre.

La question se pose de savoir ce que ce chef-d'œuvre d'académisme a encore à nous dire aujourd'hui. Si l'on ne veut pas le considérer uniquement comme un morceau d'anthologie, il faut l'envisager comme une parenthèse enchantée, où la grâce et la légèreté des danseurs nous transportent. Mais ici justement, les difficultés techniques apparaissent … difficiles à exécuter. Le manque de fluidité, d'envol et de dextérité rend l'ensemble un peu poussif et le gâteau à la crème lourd à digérer. Si ce n'était le plaisir d'écouter la musique de Delibes, dont chaque mouvement résonne comme un tube, l'ennui risquerait de s'installer.

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